Introduction
Il est difficile de parler de «connaissance de l'enfant». Il serait plus juste de parler de «connaissance des enfants», tant deux enfants de même sexe, même âge, même milieu peuvent être dissemblables.
Pourtant, il est parfois nécessaire de faire des généralisations, surtout lorsqu'on s'adresse à toute une population d'enfants : école, centres de vacances et de loisirs. Ces généralisations servent à définir des choix pédagogiques, des propositions d'activités ou d'équipements.
Dans ce chapitre, nous nous attacherons à répondre aux questions: "Qu'est-ce qu'un enfant ? Comment agit-il ? Comment pense-t-il ?». Des réponses à ces questions découlent naturellement d'autres questions: «Face à un tel enfant, comment agir ? Comment réagir ?» A ces nouvelles questions, pédagogiques celles-là , nous nous efforcerons de répondre dans les chapitres suivants.
Quand nous parlerons de telle ou telle acquisition à tel ou tel âge, il s'agira d'une moyenne: la majorité des enfants connaît cette évolution à cet âge. D'autres l'ont déjà connu avant, d'autres la connaîtront après, d'autres peut-être jamais.
En aucun cas, il ne s'agit d'une norme : un enfant qui n'a pas cette acquisition à cet âge n'est pas «anormal». |
Il existe de nombreux ouvrages consacrés à la connaissance de l'enfant. Ce sont malheureusement généralement des livres très savants, et donc très difficiles à lire. Les bons ouvrages de vulgarisation sont rares.
Dans ce chapitre, nous proposons un premier éclairage par tranches d'âge. Nous ne rentrerons pas dans les détails, essayant plutôt d'offrir quelques idées-forces propres à l'âge étudié.
Nous présentons aussi quelques éléments des connaissances actuelles sur les rythmes de vie de l'enfant.
Ensuite, nous proposons un deuxième éclairage par thème, pour voir les rapports de l'enfant dans son évolution avec le jeu et le groupe. Nous avons retenu ces deux thèmes plutôt que d'autres (l'enfant et le groupe, par exemple), car ils sont au cœur de la vie d'un CVL.
Nous avons enfin retenu le thème de l'enfant et la lecture, car les animateurs sont souvent spectateurs de problèmes sur cette question sur lesquels ils pensent n'avoir aucune prise.
2-6ans, âge décisif.
Tel était le titre (français) d'un célèbre ouvrage de conseils aux parents du Docteur Fitzhugh Dodson publié en 1972. Cet ouvrage expliquait que les six premières années de la vie déterminent si fortement l'intelligence, l'équilibre et les chances affectives et sociales d'un |
enfant, que si cette période est ratée, il a peu de chances de s'en remettre.
Il semble qu'aujourd'hui, de nombreux chercheurs soient moins catégoriques, et qu'ils estiment que l'intelligence et la personnalité peuvent se modifier sensiblement par la suite.
Il y a cependant des réalités biologiques. Les cellules de base du cerveau (les neurones) sont toutes présentes à la naissance, mais à l'état embryonnaire.
Pendant les premières années, les neurones se développent et multiplient leurs ramifications (les dendrites) et leurs interconnexions.
Ces interconnections (les contacts synaptiques) sont les supports matériels de la mémoire. Un souvenir, c'est un trajet dans le cerveau.
Plus on multiplie et plus on diversifie les expériences du jeune enfant, plus on sollicite de contacts synaptiques, et donc plus on développe son intelligence.
Or, on a vu que l'homme ne crée pas de nouvelles cellules nerveuses ; au contraire, au cours de sa vie, une forte proportion des contacts synaptiques va dégénérer.
C'est donc dans les premières années qu'il faut multiplier les expériences actives de l'enfant, pour que se mettent en place les structures qui l'aideront dans ses apprentissages futurs. |