L'Histoire De La Saint Nicolas Et De La Bûche De Noël
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La Saint Nicolas
La fête de Saint Nicolas, le 6 décembre, est indéniablement la fête la plus populaire de Lorraine. Aujourd’hui, tandis que Saint Nicolas et son inséparable compagnon, le « Père Fouettard » passent dans les écoles récompenser les enfants sages, toutes les communes de la région rivalisent pour organiser des défilés de chars plus nombreux et plus beaux chaque année.
C’est ainsi qu’au fil du temps s’est peu à peu transformée en fête laïque et urbaine la fête religieuse qui portait haut le culte du Saint Patron de la Lorraine vénéré depuis le Moyen Age. La ferveur religieuse a persisté jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. En Moselle par exemple, avant 1914, on assistait encore à une messe pendant laquelle étaient bénis des gâteaux distribués aux enfants.
Friandises, pains d'épices... et bottes de foin !
Le soir de la Vigile de sa fête, accompagné du Père Fouettard, Saint Nicolas descendait du ciel et visitait les enfants.
Il écoutait leurs prières, encourageant les uns, sermonnant les autres, et distribuait des friandises : noix, noisettes, pommes, mirabelles et quetsches séchées. Plus tard sont venus les oranges, les pains d’épices en forme de Saint Nicolas et de bourrique.
Pendant la nuit, il garnissait les souliers placés devant l’âtre. Les enfants qui avaient quelque chose à se reprocher plaçaient une botte de foin et une écuelle d’avoine pour la bourrique.
La bûche au feu
Un gâteau traditionnel, que la mode invite à servir glacé, voilà ce qu'est devenue, pour les gourmands d'aujourd'hui, la bûche de Noël. Certes, son écorce en glaçage (la couleur informe sur l'arôme employé) et le petit peuple de gnomes, de pères Noël et de champignons en pâte d'amande qui la décorent amorcent une évocation des antiques coutumes. Mais on les croque en pensant à autre chose, et le souvenir de la bûche d'autrefois, quand elle était tronc d'arbre flambant dans la cheminée, se dilue de plus en plus dans les brumes de folklore. Pourtant, quelle importance elle avait...
De quel bois noël se chauffe
Pour faire une bonne bûche de Noël, il ne s'agissait pas de prendre n'importe quel bois ! Exigence générale : il fallait un bois très dur, afin que la bûche brûle le plus longtemps possible ! Ce pouvait être un tronc de chêne - si possible un chêne n'ayant jamais subi d'élagage - de buis, d'aubépine blanche ou encore un pied de sapin renversé par la foudre. Mais la préférence allait à l'arbre fruitier qui était choisi parmi les productions régionales : olivier en Provence, noyer en Auvergne, châtaignier en Limousin, pommier ou cerisier ailleurs, ou encore arbre ne donnant que des fruits à pépins, ou arbre fruitier mort dans l'année.
Il y avait des exigences aussi quant à la manière de se procurer la bûche. Quelquefois, il fallait la quérir sur la terre du voisin sans qu'il le sache (Vendée). Le plus souvent, il fallait la rapporter à la maison la nuit précédent la nuit de Noël. Plus simplement on la choisissait parmi les plus belles et les plus grosses, dans le bûcher et on la transportait jusqu'à la maison, en grande cérémonie.
Les rites de l'allumage
La bûche choisie, il ne s'agissait pas de la mettre au feu n'importe comment. D'abord, et presque partout, un nettoyage soigneux de l'âtre et un ramonage s'imposaient.
Avant l'allumage, on procédait à la bénédiction de la bûche, soit avec de l'eau bénite, soit avec du vin, blanc ou rouge, ou du vin cuit, ou du marc, ou de l'huile d'olive. On ajoutait parfois du pain et du sel.
On demandait aussi à la bûche de réchauffer toute l'année les pieds des orphelins, des infirmes et des vieillards, mais de ne pas brûler les récoltes du paysan ou la barque du marin.
Ces rites accomplis, on pouvait mettre le feu à la bûche. Pour cela, on utilisait un brandon allumé à un cierge de l'église ou encore un vieux tison de la bûche du Noël précédent... Pour que le feu exorcise l'année écoulée, en brûlant, symboliquement tout ce qu'elle avait eu de mauvais, chaque membre de la famille jetait dans le foyer une bûchette qui le représentait (Languedoc) ou une feuille de laurier (Corse).
En d'autres endroits, il fallait une étincelle "vierge" pour allumer le feu nouveau. On la prenait au feu du soleil dans la journée, à l'aide d'un miroir convexe, ou on l'obtenait en frottant deux morceaux de bois l'un contre l'autre.
Tandis que brûlait la bûche
Il ne fallait pas que la bûche s’éteigne. Une bûche qui s'éteignait pendant la messe de minuit constituait le plus funeste des présages. Aussi, lorsqu'on l'allumait avant de se rendre à la messe, quelqu'un restait à la maison pour veiller sur le feu.
Le temps pendant lequel devait brûler la bûche était très variable. Au minimum jusqu'à la fin du repas de réveillon, ou toute la nuit de Noël, ou trois jours (dans le Languedoc, on était ainsi assuré que les filles à marier de la maison trouveraient un époux l'année suivante). En d'autres endroits, la bûche devait brûler jusqu'au 1er Janvier ou même jusqu'à l'Épiphanie ! On étouffait donc le feu chaque soir ou on ralentissait sa combustion avec de la mousse humide.
Les vertus de la bûche
La bûche avait la particularité de ne pas brûler. On pouvait poser, croyait-on, des tisons rougeoyants sur la nappe du réveillon sans même qu'elle en soit roussie.
Les tisons de la bûche étaient soigneusement recueillis, car ils préservaient de l'orage et du feu. Placés dans l'étable ou le poulailler, ils protégeaient les animaux des mauvais sorts et des maladies. Mélangées à diverses potions, les cendres guérissaient les hommes et le bétail, aidaient les femmes en couches, facilitaient la délivrance des vaches. Glissées dans les piles de linge, elles préservaient le ménage des disputes ou de la ruine. Mélangées aux grains des semailles, elles écartaient la vermine.
De la bûche au gâteau
Bien vivaces encore au XVIIIe siècle, ces traditions de la bûche commencèrent à disparaître à la fin du XIXe. Une disparition qui ne s'explique pas uniquement par la généralisation du charbon (de bois ou de terre) et l'apparition des cuisinières dans les âtres des cheminées. Le rationalisme scientifique et le déclin des traditions y sont aussi pour quelque chose.
Van Gennep, célèbre folkloriste, observe que chaque fois que la bûche disparaît, elle est remplacée par un gâteau qui l'évoque. L'ancêtre de ce gâteau est peut-être la "hoche", seule "bûche" dont se souviennent les anciens, en Lorraine. Elle n'était pas de bois, mais de chocolat et de pain d'épices.
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