Accueillir Un Enfant Autiste

[tonia-tong 0]

salut!

voilà, je viens d'apprendre que nous allions accueillir une petite fille autiste dans mon centre de loisirspendant les 2 semaines des vacances.

elle a 4 ans. Nous l'avons déjà accueilli sur deux mercredis après-midi et ça a été très dur pour l'équipe: attention permanente donc délaissement des autres, elle mettait en danger sa sécurité, elle a fait plusieurs crises,...

donc, étant donné que notre projet éducatif et pédagogique évoque l'importance d'accueillir tous les enfants sur notre structure (en mettant tous les moyens nécessaires en place), durant les vacances, en plus de mes animateurs habituels, je vais avoir un éducateur spécialisé qui va s'occuper essentiellement de la petite. Il mettra des ateliers en place avec elle histoire de la faire progresser et évoluer avec les autres (même si l'intégration ne se fera pas en deux semaines).

Une information aura lieu le week-end précédent auprès des autres anim' pour qu'ils pusissent comprendre le rôle de l'éducateur.

je voulais savoir si vous aviez déjà connu ce type de situation.

comment avez vous gérer l'arrivée d'un éducateur au sein de l'équipe? (car il est présent mais pas forcément sur tous les temps de vie quot puisqu'il est entièrement consacré à la petite)

N'y-at-il pas un décalage par rapport aux autre?

Comment cela se passe pour les autres enfants? Ils se rendent bien compte que tel enfant a un anim' pour lui tout seul, non?

Si vous avez des témoignages de vécu ou même des liens vers lesquels je pourrai me diriger, merci d'avance

sonia

[Invité Invité]

J'ai déjà connu cette situation, avec un autiste qui avait une personne pour s'occuper de lui une bonne partie du temps (avec aussi un trisomique). Cette personne était l'assistante sanitaire, et en plus était sa mère, ce qui facilitait les choses. Dans l'ensemble tout s'est bien passé, il participait aux activités quand il voulait, et puis ensuite s'arrêtait quand ça ne lui plaisait plus. Dans ce cas là il lisait, dessinait, il se baladait avec l'assistante sanitaire, etc. Parfois aussi l'équipe de service lui demandait de l'aider à mettre la table, et il aimait bien (surtout compter les boîtes de céréales du petit dej :D )

Les autres enfants se rendent comptent en effet qu'il a un anim pour lui tout seul, mais ils se rendent bien compte aussi qu'il n'est pas comme tout le monde et que cette attention est justifiée.

As-tu demandé à sa famille et ses éducateurs comment s'en occuper, l'intéresser, éviter de la mettre en colère, etc?

[Jérôme 0]

Oups! L'invité c'est moi!

[celine 0]

j'ai fait partie d'une equipe d'animation en clsh qui a accueilli un enfant autiste de 5-6ans. Cet enfant avec un adulte pour lui et sa venue a avait été préparée (également intervention de l'adulte referent et des parents!)

cet enfant ne venait qu'en demi-journée (ou le matin ou l'apres-midi) ce qui je trouve est une bonne solution....

il est venu donc pe,ndant 2 seamines de vacances puis les mercredis apres-midi dans l'année (enfant non solarisé)

cet enfant n'a pâs été réellement intégré malgré des activités communes, des moments communs,... on a essayé mais les enfants autistes restent dans leur monde ( a différents degrés certes) et deja qu'il aille au meme rythme que les autres et qu'il ne ne se sente pas agressé (et donc violent) est important et deja bien.

un conseil: vive des objectifs simples et precis et si svt vous avez l'impression qu'il ne vit pas avec le groupe, c'est pas grave........

voila

si jamais tu cherche des infos sur actis, sur leurs rituels (je sais que l'imaginaire ca n'accroche pas), qu'il faut avoir reperes concrets (comptines concretes egalement), que la musique c'est nickel tout comme les sensations fortes!!!!!, fais moi signe j'ai bosser en centre de vacs polyhandicapés avec enfants autistes et une amie est educ spé ds centre pr autistes ms je pense que l'educ t'apportera pas mal de choses!!!) :D

biz

céline

[clownette 0]

J'ai été une semaine "animatrice spécialisée" avec un petit garçon autiste+hyperactif de 6 ans, sur une colo "normale".

D'abord, essaie de voir ce qu'est l'anim spé : un(e) futur(e) éduc spé ? un(e) éduc spé ? un(e) infirmier(e) ? de l'expérience avec ce type de public ou pas ?

J'ai été embauchée sans être prévenue de ce qui m'attendait (je ne vais pas revenir dessus, mais vraiment ), et je ne suis que étudiante en médecine. J'avais 20 ans, et beaucoup de bonne volonté. Et bien je peux vous dire que ça a été super dur !!!

Le directeur, comme le reste de l'équipe, pensaient que j'étais à l'aise, expérimentée, et personne ne m'a aidée, personne ne m'a parlé... Jusqu'au jour où j'ai craqué et où ils ont compris que toute seule, je ne gérais pas !

Il faut savoir que c'est très dur pour l'anim, d'être tout le temps à part, de ne pas participer aux réunions du soir, aux 5ème, aux grands jeux, aux moments forts de la colo.

Je me revois une après midi surveiller le petit garçon, dans sa chambre, il découpait en minuscules morceaux un mouchoir en papier pendant des heures, pendant qu'en bas les autres préparaient le spectacle de fin de séjour, j'entendais la musique... :trompette:

Le spectacle, j'ai vu le début, et puis quand il a commencé à en avoir marre (il ne comprenait pas, alors il montait sur scène, il tapait tout le monde, il criait) on est partis se promener

Je me revois aussi le soir, essayer de le calmer pour qu'il dorme, entendre les autres rentrer de veillée, puis, des heures plus tard, être toujours là, à essayer de le calmer, parce qu'à minuit un enfant de 6 ans c'est censé dormir et pas éclater de rire sans raison

Je me revois quand il a fait caca par terre au milieu de la colo...

Bref, il y a deux problèmes : l'anim, et l'enfant.

L'enfant autisme, il a besoin de repères. C'est ce qu'on appelle l'immuabilité : il ne supporte pas le changement. Il ne les a pas en colo, alors il est angoissé : donc il tape les enfants (et les adultes), il crie, il fait des colères...

Il faut essayer au maximum de lui en donner, et de garder les mêmes qu'à la maison si possibles (moi j'étais allée chez lui 24h avant le départ)

Ensuite, il faut savoir qu'il ne fera pas les activités des autres. Mêmes les jeux simples, comme les rondes, à 6 ans, il ne comprenait pas, et tournait autour de la ronde, autour des enfants, pour essayer de voir ce qu'ils faisaient Le dessin, c'est quand il veut.

L'anim doit s'adapter et le suivre en fait, il ne peut pas imposer des activités à tel ou tel moment.

Donc, pas de vie en collectivité possible.

Enfin, l'enfant autiste a un trouble du contact : avec l'adulte c'est difficile, avec son adulte référent un peu moins, mais avec les autres enfants c'est pire que tout, souvent il en a peur.

Donc il faut faire attention à l'enfant lui même (il est impulsif, donc peut se mettre en danger), mais aussi aux autres enfants. Par exemple, moi, dès qu'il entendait un mot qu'il n'aimait pas (comme "piscine"), il se jettait sur la personne qui l'avait prononcé. Et ca faisait beaucoup rire les autres... qui lui criaient "piscine" tout le temps pour le voir se mettre en colère

Ca implique une surveillance constante ! Et ça, tout seul, c'est pas évident à gerer, donc toute l'équipe doit un peu s'impliquer, notemment pour expliquer aux "enfants normaux" qui est cette bête curieuse

Bon j'ai pas le temps d'écrire un roman non plus :D mais si tu as des questions précises n'hésite pas.

Et si j'ai le temps je reviendrai tout à l'heure pour dire que non, un autiste en colo, ce n'est pas forcément qu'un fiasco...

[celine 0]

coucou clownette!

je viens de lire ton message te je comprend, jer l'ai vecu en moins dur en colo, j'etais anim referente integration d'une jeune fille handicapée mentale à comportement autistique: dur dur (lever 4h du mat!!!! sinon c'etait la cte ds la chambre), et elle ne dormait pas envie minuit! mais j'etais prevenue, on me relayaiot: toute l'equipe s'impliquait ce qui est essentiel, y compris la directrice qui la prenait de temps en temps en course (car ca eclatait la gamine et ca me soulageait)

sinon une enfant non gerable, je l'ai eu en centre polyhandicapée...qui me mordait, me tapait (5 enfants handicapés pour 3 adultes) mais quand même dur dur mais c'était en centre spécialisé!

pour sonia c'est différent, c'est en clsh donc plus gerable......

bizzzzzz

cé

[jean 7]

Je profite pour reposer la question : quels sont les objectifs d'une telle intégration?

Qu'est-ce qui peut passer par la tête de ceux qui organisent ça alors qu'on a l'impression que presque tout est fait pour que ça se passe mal? (un enfant isolé, un anim isolé, une absence de projet personnel...) j'ai l'impression que ça gère "par défaut". C'est à dire qu'on décide d'intégrer un enfant handicapé parce que ça fait bien, et ensuite on fait tout pour que ça se passe le moins mal possible.

Surtout pour des autistes. Modifier les repères, c'est sûrement intéressant, mais tous en même temps, bof. Favoriser les rencontres, c'est sûrement intéressant, mais quasiment sans accompagnement et seul face au monde entier, pareil, c'est bof. lol déjà que plein de valides absolument pas psychotiques le supportent mal...

Histoire de ne pas réitérer ce qui s'est passé sur le chat l'autre soir, je redis que j'ai rien à priori contre l'intégration, ou contre les enfants handicapés, ou contre les bonnes intentions.

Mais une situation m'a été évoquée aussi il y a quelques mois : celle d'un adolescent dysphasique (qui n'arrive pas à prononcer les mots qu'il a dans la tête), dépressif, qui en a eu marre de faire sans cesse des efforts pour s'intégrer, et malgré toute la bonne volonté des uns et des autres, il se sent vachement mieux en milieu adapté. Et lui il a de la chance, il est capable de s'exprimer clairement, et il est écouté.

On parle de personnes "en situation de handicap" parce qu'on considère qu'elles ne sont pas handicapées à priori mais que la situation y est pour beaucoup. En effet un autiste qui a ses repères, en institution, il s'y trouve peut-être autonome. Quand on prend la décision de l'inscrire en colo, nous sommes les organisateurs de la situation de handicap.

Peut-être faut-il observer le fonctionnement des intégrations dans certaines écoles, où des enfants sont parfois intégrés aux classes de valides, et parfois réunis en classe spécialisée. N'y a-t-il pas moyen d'organiser ça en cvl? Favoriser des petits groupes d'enfants handicapés qui se connaissent, et qui viennent avec des gens qu'ils connaissent, et adapter le fonctionnement. Avec certains enfants, certains handicaps, certaines particularités, le fonctionnement du cvl n'aurait aucune modification, et pour d'autres ça nécessite une adaptation plus conséquente.

[celine 0]

je suis d'accord avec toi Jean!!!!!

d'ailleurs il y a des centres specialisés super bien adaptés pour des enfants non integrables

des cas d'enfants qu'on a essayé d'integrer ds des classes (sans grand succes) et qui se sont epanouis en clis (classe specialisé des le le cp)j'en connait quelques-uns

ca s'est bien passé car:

-1 instit pour 6-7 au lieu d'un instit pour 32

- un instit spécialisé ou qui devrait l'etre

-un rythme adapté

dans les centres specialisés ces elements sont la (a part le personnel specialisé, ms les bafa qui y bossent ont tout de meme un profi particulier)

Je suis pour une integration preparée, avec un animateur preparé e contact avant avec la famille, et pendant.... (et souvent du coup après :D )

Je suis pour une intégration en équipe: tout le monde est concerné, car oui sinon anim est isolé et bien seul a avoir ce rythme different!!!! (moi je pense que 2 referents pr un gamin handicapé ca serait le top: plus de souci jours de congé, et anims plus intégrés ds equipe)

apres il y a des enfants non integrables!!!!!!!!!!!! (violents, dangereux pour eux, pour les autres) et dans ce cas les centres specialisés sont tres bien!!! et meme dans ces centres l'intégration se fait!!!!!!!!!! tous n'ont pas le même handicap!!! et je peux vous assurer que deja c'est un grand pas pour l'enfant de participer à la vie d'un centre!!

biz

céline :D

[tonia-tong 0]

merci beaucoup à tout le monde pour toutes ces infos et expériences. Ca me parle un peu plus maintenant.

N'hésitez pas à me faire part de vos expériences (satisfactions ou problèmes) concernant la vie quotidienne avec un enfant autiste. C'est ce qui pourra aider mes anim' aussi.

Sonia

[jean 7]

L'expérience qui m'a le plus enthousiasmé était le fruit du hasard, mais elle est reproductible. Avec une autre animatrice j'animais un mini-camp de 13 enfants qui avaient entre 8 et 11 ans, on dormait sous tente dans un un camping pas loin du bord de la mer. Nos voisins : un camp d'ados polyhandicapés (ils étaient une quinzaine en tout), avec une majorité de déficients mentaux et de trisomiques. Après deux-trois jours où nos rapports se limitaient à quelques "bonjour", on a fait plus ample connaissance tous ensemble lors d'un goûter où un de nos voisins a tenté en douce plusieurs fois de nous piquer nos paquets de chocos. :D

On les a invités à un repas, ils sont venus pour le dessert si je me souviens bien, on faisait des crêpes à la banane et au chocolat, ils ont mangé leurs propres desserts, mais avec nous. Et y'a eu quelques jeux improvisés un soir, dont un match d'un truc qui ressemblait à du foot je crois, enfin y'avait de l'herbe, des pieds, et des ballons

Et y'a eu une boum mémorable en plein air, le dernier soir.

Finalement on a eu très peu de moments passés ensemble, mais à chaque fois on s'est fendu la poire, et pour pas mal de monde y compris moi ça a été l'occasion de faire connaissance avec le public handicapé et vaincre quelques appréhensions.

[tonia-tong 0]

les vacances de février sont terminés. nous avons accueilli la petite pendant une semaine et dmei.

Cela a été dur les deux premiers jours (crises, pleurs, hurlements, se roulait par terre,...).

ensuite, elle s'est habitué à nous et nous a elle. une relation de confiance s'est instaurée.

tout s'est très bien passé.

elle n'a pas pu suivre toutes les activités dans le détail mais était présente avec les autres et également sur tous les moments de vie quot.

On arrivait de mieux en mieux à la comprendre car elle disait quelques mots "boire, manger, manteau, pipi,..".

les derniers jours, elle tenait toute la jornée sans faire de crise.

du coup, sa maman nous a demandé si on pouvait l'accueillir tous les mercredis. pour nous c'était avec plmaisir.

elle est venue mercredi dernier, tout s'est bien passé. elle a même dit sa première phrase:

je lui ai donné un yaourt et elle a dit "tu peux m'louvrir?" d'une toute petite voix.

J'étais trop contente et les anim' aussi. C'est une petite vistoire que l'oin s'est empressés de dire à la maman le soir.

On espère que les progrès vont continuer dans ce sens. surtout qu'apparemment c'est toujours par contre un peu la galère à l'école.