laballe 1 Signaler ce message Posté(e) 2 décembre 2007 Salut à tous, J'apporte tout simplement un témoignage: eh bien oui, le gros mot est de sorti. D'ailleurs il n'est jamais rentré, seulement moins présent selon les enfants avec lesquels j'ai travaillés. A la campagne, en tout cas celle que j'ai fréquentée, il était là mais il se cachait et ne sortait que lorsque l'adulte était absent et encore, ce n'était pas une grande insulte. A la ville et plus précisément dans le quartier où je travaille, il est plus important et fait même partie de la vie quotidienne. Qui ne dit pas de gros mots et d'insultes n'est pas un homme. - Il y a les spécialistes qui sont capables de t'en sortir 3 à la suite sans respirer, - il y a les plus fins que les disent par derrière et doucement, pas de bol si le copain vient le dénoncer, - il y a ceux qui dérapent le temps d'une seconde et qui le regrettent ensuite Je ne vais pas faire une liste des gros mots car j'en connais un rayon et même un magasin depuis quelques temps et vous aussi d'ailleurs!!! En fait, j'en parle car ceci me pose des questions, comme d'hab, vous allez me dire: est-ce que ce n'est pas le signe que nous ne sommes pas capables de nous parler normalement et correctement? Est-ce que cela n'est pas le reflet de notre société où le plus fort doit vaincre par tous les moyens? Je pense que les enfants sont le reflet des adultes et qu'ils agissent comme leurs parents alors je m'inquiète un peu!!! mais attention, je ne juge pas du tout, je constate tout simplement!!! et je cherche des solutions pour enrayer ce flot de vulgarité!!! si vous en avez, je suis preneuse!!! à plus Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
jean 7 Signaler ce message Posté(e) 2 décembre 2007 Beh perso j'ai souvent constaté que des animateurs parlent très mal aux enfants. Ils leur parlent avec très peu de mots, ils leur parlent dans les mots que les enfants ont l'habitude de dire et d'entendre, en argot... Ça n'aide pas les enfants à apprendre de nouveaux mots. Or plus de vocabulaire c'est aussi ouvrir sa capacité de perception. Mois de vocabulaire c'est moins de perception, moins de relativisation, plus de réactions violentes, d'où, au moins, une partie de la violence comportementale de certaines personnes, je pense. Allons faire un tour dans certains centres, demander aux enfants la définition des mots suivants : racisme, respect, mythomanie, trisomie... Je parie que la plupart des enfants n'ont qu'une idée très floue de la signification des mots, alors qu'ils les utilisent. Ça diminue la capacité de compréhension du monde, ça fait un cerveau tout petit... Et encore je parle des enfants, mais je pourrais dire la même chose pour des animateurs. Est-ce que tout le monde sait ce que signifient : xénophobie, régionalisme, CRS, anarchie, colonialisme... Là ce sont des mots qu'on n'utilise pas forcément, et pour cause, on ne les connait pas, on ne les comprend pas, et ils décrivent des phénomènes dont beaucoup d'animateurs sont peut-être les porte-paroles même sans le savoir. L'ambiance qui règne autour de ça est parfois étrange. Si on prend la masse des animateurs, il ressortira qu'en fait leur façon d'aborder le métier est concentrée sur le bonheur, l'amour, la vie, le plaisir (cf le sujet "résumer l'animation en un mot")... On est à fond dans l'affectif, et quand on essaye de parler de pédagogie, il n'est pas rare du tout qu'on soit accusé d'être des traîtres à la cause, des gens inhumains, des prétentieux incapables, voire des gens ne connaissant rien à la vie. Et puis il faut voir comment beaucoup d'animateurs parlent des enseignants : ce seraient des gens inhumains, incapables d'éduquer, fonctionnaires dans le sens où ils n'ont aucun affect pour leur public et qu'ils oublient les gosses une fois rentrés chez eux, etc. Je trouve que ça montre un certain de courant de pensée de l'animation. La conséquence à laquelle je pense est simple : dans les cvl, la masse des animateurs met l'accent sur le plaisir, l'amour, le bonheur, etc. C'est très bien, mais à trop focaliser là dessus on en oublie par exemple de bien parler. Pour pas mal d'animateurs je suis à peu près convaincu de ça, ils ne ressentent pas le besoin de bien parler, de se cultiver, de faire connaître le pays aux enfants, etc. Après, je ne dis pas qu'il faut aller dans le sens complètement inverse non plus, et se forcer à utiliser au minimum 300 mots dans une journée! Mais selon le centre, selon la nécessité, ça serait sûrement pas mal de déterminer des objectifs là dessus. On lit des sujets à ce propos ici quelquefois, notamment sur la lecture, les coins bibliothèque, les projets autour du livre... Ça aurait quand même plus de classe de dire "t'as des oursins dans les poches" que "té 1 rat, toi". Ça serait de la plus grande utilité pour beaucoup d'enfants, de jeunes, d'apprendre à dire "pourquoi est-ce que tu m'as bousculé intentionnellement?", plutôt que "vazy pousse moi pas dégage toi là!" :lol: Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Simon 0 Signaler ce message Posté(e) 3 décembre 2007 Salut, Il n'y a aucune étude qui étaye ta théorie Jean. En effet, l'amplitude du vocabulaire n'est pas liée à la capacité "d'ouverture intellectuelle". D'ailleurs il y a même une étude qui prouve tout le contraire. Etude qui relève de l'anecdote : Un chercheur linguiste a mesurer le nombre de mots différents utilisés par chaque candidat à la présidentielle 2007. Qui employait le plus de mots? Réponse à 1000 euros : JM Le Pen. Pourtant qui ici dira que ce candidat est "ouvert intellectuellement"? Cependant ce que tu dis n'est pas à rejeter en bloc. C'est vrai que parler correctement à un enfant relève du B-A-BA de la pédagogie. Car encore rien ne démontre que parler de la même manière que les enfants qu'on accueille facilite la discussion, évite les incompréhensions ou renforce le sentiment d'appartenance. Il paraît donc normal de parler tout naturellement sans chercher à se donner une certaine "personnalité". Car à quoi rimerait cette comédie? Puis chaque personne a son langage propre même si l'on peut s'amuser à dire qu'il ya des catégories : argot, soutenu alors que ces catégories sont bien plus multiples. Oui le français est une langue qui a cette particularité de comprendre un vocabulaire très étendu qui permet des nuances, des atténuations, des accentuations bien plus nombreuses que la langue anglaise par exemple. Après, c'est une langue vivante et la langue appartient à son époque. D'ailleurs aujourd'hui les linguistes ne parlent plus de français mais de franglais tant les emprunts à la langue anglo saxonne sont nombreux et devenus acquis. L'emploi de gros mots n'est pas du tout forcément le reflet des parents ou des adultes en général. Il faut comprendre que comme toute autre partie de l'éducation, l'influence la plus grance chez un individu est ses pairs. Et quels sont les meilleurs pairs d'un individu que ses amis? Le groupe d'amis jour le plus gros de l'influence sur un personne. Après il y a toujours des axceptions car il y a des contre influences, des personnalités, en bref pas de réponse claire et nette. Mais tout ceci ne légitime pas un vocabulaire ordurier de la part d'un animateur. Les insultes relèvent d'une notion punie par la loi : la violence verbale. Si à longueur de journée, un animateur appelle des enfants par des quolibets humiliants, insultants, il y a matière à se poser des questions. Bref la langue, c'est pas du gâteau. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Quentin 5 Signaler ce message Posté(e) 3 décembre 2007 est-ce que ce n'est pas le signe que nous ne sommes pas capables de nous parler normalement et correctement? Est-ce que cela n'est pas le reflet de notre société où le plus fort doit vaincre par tous les moyens? Pas forcément... La majorité des insultes sont lancées à la suite d'un conflit. Je vois aussi des enfants (j'en ai toujours vu d'ailleurs, ce n'est pas un phénomène nouveau) qui vont en venir tout de suite aux insultes, parce que dans leur esprit, la seule façon de sortir d'un conflit est de prendre le dessus sur l'autre. Ce qui est en jeu, c'est donc l'apprentissage de la résolution d'un conflit : comment faire pour que ça ne s'envenime pas ? Il y a des anims qui vont trancher le différend sans consulter les enfants : "Toi t'as tort, toi t'as raison". Et hop, comme par magie, l'activité peut reprendre sans problème... Gros mots et bagarre évités, c'est le top ! Sauf que cette attitude n'apprend pas aux enfants à gérer les conflits : on les dépossède de la résolution, au prétexte que les parties prenantes au conflit ne peuvent pas le régler elles-mêmes (charge émotionelle trop forte). Si à la place, on favorisait une médiation adulte dans laquelle les enfants auraient leur mot à dire, ce serait nettement plus efficace. Beh perso j'ai souvent constaté que des animateurs parlent très mal aux enfants. Ils leur parlent avec très peu de mots, ils leur parlent dans les mots que les enfants ont l'habitude de dire et d'entendre, en argot... Ça n'aide pas les enfants à apprendre de nouveaux mots. Et oui... Pourtant, toutes les personnes qui participent à l'éducation des enfants devraient revendiquer leur côté "vieux jeu". Utiliser des mots que les enfants ne connaissent pas, c'est une façon de piquer leur curiosité (ne pas s'arrêter aux premières réactions "Vas-y j'comprends rien à c'que tu dis") ; s'habiller sans reprendre leur code vestimentaire, c'est aussi une façon de les ouvrir aux autres. Quand je faisais des études de journalisme, nos profs nous disaient tout le temps : "Ecrivez simple pour que tout le monde comprenne vos articles". Certes, c'est une posture très égalitaire : mais ça revient à niveler par le bas. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
jean 7 Signaler ce message Posté(e) 4 décembre 2007 Ok Simon si le lien que je fais entre le vocabulaire réduit et la façon de s'exprimer par les mots et par l'attitude violente reste à démontrer, l'autre lien, dont je suis bien plus sûr celui là, je préfère le réexpliquer (celui entre l'ouverture d'esprit et le nombre de mots qu'on connait). Vous avez déjà entendu parler du novlangue? Cliquer ici pour en savoir plus. C'est un concept de science fiction, mais ça décrit bien ce dont je parle. Je n'ai pas dit que la quantité de mots qu'on utilise est la conséquence de notre ouverture d'esprit. J'ai dit que l'ouverture d'esprit est une conséquence de la quantité de mots qu'on maîtrise. Personnellement je suis entouré de gens qui ont une sorte de haine dogmatique du président de la république actuel. Ce sont des adultes, mais qui n'utilisent à son égard que des injures, des noms d'oiseau. Ils ne connaissent pas la différence entre sa politique et celle d'autres partis. Ils pensent que ça se joue sur la police et les crs apparemment Et résultat, quand je veux parler de libéralisme, de conservatisme, de communautarisme, de colonialisme, de dogmes, de nihilisme... eh ben c'est même pas possible, déjà parce qu'ils se moquent de moi et "de mes grandes théories", et surtout parce qu'ils n'y comprennent rien. Le résultat c'est des gens qui ont des paradoxes pas pédagogiques pour un sou. Certains se disent "antiracistes" et véhiculent des idées discriminatoires, et parfois même colonialistes. Il y a d'ailleurs une affaire en cours près du Darfour qui est assez significative, je trouve. Un autre de mes thèmes favoris c'est le régionalisme. On n'est pas xénophobes (d'ailleurs on sait pas trop ce que ça veut dire), par contre on n'aime pas les touristes anglais en bretagne! Quant à JM Le Pen, justement, c'est juste anti-pédagogique de le considérer à priori comme quelqu'un qui a l'esprit fermé. Du coup moi je vais dire justement, que c'est quelqu'un qui a l'esprit ouvert ; j'en sais rien du tout, et je me demande comment tu comptes prouver le contraire (une étude?), et surtout comment tu comptes me prouver que Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, ou José Bové ont l'esprit plus ouvert que lui. Il y en a au moins deux des quatre qui ont eu leurs moindres mots dictés par des spin doctors. Il paraît donc normal de parler tout naturellement sans chercher à se donner une certaine "personnalité". Car à quoi rimerait cette comédie?Ça me semble évident, c'est en espérant qu'ils passeront mieux auprès des enfants ou de leur équipe ou du monde en général que des animateurs font ça. Pourtant, toutes les personnes qui participent à l'éducation des enfants devraient revendiquer leur côté "vieux jeu"Ouais, mais rien n'empêche de parler de porc dans une phrase et de rallouf dans une autre. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité jack le trifluvien Signaler ce message Posté(e) 4 décembre 2007 Bah voila que ca parle de la langue. Pour un etudiant en science du langage, quelle aubaine. Bon, il suffirait de séparer quelques éléments quand même : en tant que descripteur de la langue, je n'emet pas de jugement de valeur dessus... Quelques infos par Laurence Rosier, professeur de linguistique a bruxelles : Esprit Libre : Comment définir l'insulte ? Laurence Rosier : L'insulte, c'est tout mot qui peut être perçu comme blessant par l'autre. Certains mots deviennent insultant par la situation, mais ne le sont pas sans ce contexte. Sur un site d'extrême droite par exemple, on trouvera le terme " espèces de Fantomettes " pour parler des femmes voilées. Or, le personnage de Fantomette n'est pas du tout insultant en soi. Mais le " espèces de... " et le contexte extrémiste lui donne son caractère insultant. http://www.ulb.ac.be/espritlibre/html/el042005/31.html tout l'article sur les travaux sur "l'insulte, un fait de langue" Bref, je pense que je vais relire d'un point de vue de linguiste vos réponses. Intéressantes en tout cas... Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité Jack le trifluvien Signaler ce message Posté(e) 4 décembre 2007 Bon, alors pour continuer a réflechir : l'article Lexique sur wikipedia. Quelques concepts de linguistique pour mieux comprendre : diachronie => étude dans le temps synchronie => etude dans un temps limité (une année, une époque...) lemme => mot : signifiant et signifié. En effet, aucune étude pertinente ne semble étayer la thèse de jean. Mais moi, je suis d'accord pour parler bien aux enfants, et j'avais travaillé en ce sens l'année dernière en apprenant un certain vocabulaire spécialisé aux enfants lors de mes activités : En théâtre : Cour, Jardin, entrée, improvisation, confusion, etc... En escrime (avec des batons en mousse) : Pique, coupe, latéral.... et je peux vous dire qu'avec a peu pres un match d'impro par mois, a la fin de l'année, les gamins me demandaient : c'est quel thème, quelle catégorie, combien de temps pour le caucus ? Quant a moi je pense pouvoir dire que l'apprentissage d'un vocabulaire est lié avec le plaisir que l'on a a étudier une certaine matière. Par exemple, le vieil intellectuel blasé qui multiplie les mots compliqué, dans les émissions de la nuit, ne sent on pas qu'il a un peu de passion a parler de ce qui lui plait avec les vrais mots. Même en animation nous avons un lexique spécialisé qui pourrait intéroger quelqu'un d'extérieur (notre vénération pour les sigles par exemple : BAFA; BAFD; PJC; AS; DAP...). Donc si on donne le plaisir aux enfants pour telle ou telle chose , ils apprendront forcément plus de mots spécialisés dans ce domaine. Et si on allume en eux une petite flamme citoyenne, peut être qu'ils s'interesseront a la définition de la citoyenneté, du régionalisme, de la différence entre racisme et xénophobie. J'ai déja fait un match d'impro sous la forme : le grand débat. Et les enfants m'ont ressorti des formes du débat Royal/sarkozy... Impressionant. Bref, que pensez vous des gros mots, de l'insulte ? Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
laballe 1 Signaler ce message Posté(e) 5 décembre 2007 Salut à tous, Juste une intervention qui n'a rien à voir avec le sujet de ce thème, très franchement, je ne pensais pas qu'en parlant des gros mots, il pourrait suivre une telle conversation et un tel échange. Je dois reconnaître que cela fait super plaisir d'avoir l'horizon qui s'ouvre. Vos réflexions me permettent de voir les choses autrement et de pouvoir avancer. Actuellement, c'est ce que je déplore le plus sur le site où je travaille, je suis bien seule et je me pose forcément beaucoup de questions car tout est à faire, c'est fou. Je sais bien que je ne suis pas la seule dans le cas car pas mal de responsables d'autres sites sont dans le même cas (je travaille pour une communauté des communes) J'essaie de rencontrer et de discuter avec tout le monde mais en 2 mois, cela fait court. Donc, simplement un grand merci pour vos interventions car je n'ai pas encore fini d'envoyer de nouveaux thèmes sur mes questionnements!!! à plus Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites