Enfant battu

[Invité Patou]

Bonjour,

Je ne suis pas animatrice, mais j'ai eu récemment à connaître un cas de maltraitance dans mon quartier. Il s'agit d'un enfant de 5 ans qui vit seul chez sa mère, dans des conditions de précarités très difficiles.

J'ai fait appel aux services sociaux du quartier, qui m'ont répondu que le cas a déjà fait l'objet d'une procédure, en cours encore aujourd'hui. Cette procédure comprend l'intervention d'un éducateur en milieu ouvert, chargé de contrôler le bien-être du gamin.

Sachant que cet acteur ne dispose que d'un temps relativement restreint pour assurer un suivi régulier (visite toutes les trois semaines seulement), je me suis adressée à lui en lui faisant la proposition de passer régulièrement au domicile de l'enfant afin de tenter quelque démarche éducative.

Bien entendu, je suis bien dévouée, mais non professionnelle en la matière et me confronte aujourd'hui à quelques difficultés.

Du côté de la mère, les choses s'améliorent sensiblement depuis le début de mon intervention (mi-avril). En revanche, du côté de l'enfant, je n'obtient rien de positif, malgré ma patience.

Cet enfant n'a connu jusqu'ici que la violence, physique ou verbale. Et bien sûr, son comportement en est le reflet. Il ne parvient pas à sortir de son schéma de victime-persécuteur et le rapport avec quicquonque de son entourage n'est qu'une somme de rapports de force. Je tente de ne pas tomber dans le piège, mais je ne connais pas suffisament d'outils (jeux, paroles, histoires, attitude etc) pour faire face à son attitude.

Je ne donne aucun ordre, je sollicite sa compréhension et explique le pourquoi de telle recommandation, mais chez lui, aucune de mes paroles ne parvient à réfréner son besoin de se mesurer - quasi-violemment - au monde qui l'environne. Je n'ai aucune prise sur lui, aucune autorité et n'ai pas du tout envie de tomber dans la piège des claques qui ne résoudraient strictement rien, bien au contraire.

Alors, si vous avez déjà été confrontés à un cas comme celui de ce petit garçon, dites-moi quelle méthode - ou quels outils éducatifs - vous employez pour résoudre ce conflit. J'ai beaucoup de peine pour ce petit garçon et ne suis pas prêt à lâcher, surtout qu'en deux mois et demi, nous avons tout de même eu l'occasion de nous lier l'un l'autre. J'aimerais beaucoup contribuer efficacement à son épanouissement, d'autant que la mère m'accorde toute sa confiance.

Merci à vous

Patou

[Aude 5]

Bonjour Patou!!

Je travaille comme animatrice ( et non educatrice, je precise!) avec des enfants atteinds de différents troubles du comportement, et beaucoup de gamins battus, abandonnés, violés...etc...et souvent malheureusement violent eux memes.

Effectivement, ils n ont rien connu d autre, et s esn fiche pas mal de risquer de s en reprendre une , beaucoup provoquent et j ai beau etre habituée, parfois je sors de la pièce, c est mon dernier moyen de ne pas perdre les pédales, et d etre sure, comme toi de ne pas leur en retourner une par pur reflexe de defense.

Tu dis que le comportement de la mere change, est ce elle qui se montre violente envers son enfant, ou son compagnon?Comment réagit elle a ton intervention? Car ce n est pas banal que quelqu un qui dont ce n est pas le métier aide un enfant aussi difficile!

A toi de voir si tu tiens le coup ou pas (ce qui ne serait pas du tout blamale!!).Mais cet enfant mettra encore des mois, des années a se sortir de ce schéma, n espere pas un changement radical en un an!!!

Peut etre peux tu parler avec le personnel de l 'école, l 'éducateur et la mere, faire une réunion tous ensemble, pour vous associer et aider cet enfant. Mais dans tous les cas, fais attention a ne pas te laisser "bouffer", envahir par cette relation. Pour ce qui est de l educatif, je ne peux pas beaucoup t aider, je ne suis pas éduc, mais les enfants dont je m occupent ont besoins de reperes clairset fermes, d etre valorisés dans les actes de la vis quotidienne et apprecient enormement certaines activités ( et oui, chez nous ce sont des acitivités!!): preparer un repas, aller faires les courses, sortir, beaucoup, souvent , cela leur permet de rencontrer des gens (ne serait ce qu une serveuse ou un caissier) qu ils ne connaissent pas et qui ne les jugeront pas de facon négative. Aller a la boulangerie, dire bonjour et que la vendeuse leur reponde est parfois pour eux un miracle parce qu elle est gentille avec eux et ca, c est nouveau!!

Bon courage,

Tiens nous au courant et hesite pas si tu as des questions :bye:

[Invité Patou]

Merci pour votre réponse,

En effet, il est important je crois de préciser que l'enfant vit seul avec sa mère. Que c'est elle qui le battait jusqu'à encore peu de temps (j'assiste depuis près d'un mois à une accalmie notable du fait probablement de ma présence à la fois "rassurante" et potentiellement "menaçante").

La crainte principale de la mère est la dénonciation (un enfant déjà placé dont elle n'a plus aucune nouvelle), certainement que ma simple présence régule ses pulsions, cela resterait cependant encore à prouver (?).

Elle fut par le passé elle-même victime des coups de son père, puis de son ex-mari. Le petit, aux alentours de sa naissance aura connu l'enfer des tensions familiales dont vous pouvez imaginer la teneur. Connaissant l'importance de cette période dans la construction de l'individu, je ne puis que m'étonner que cela ne soit pas encore pire dans la tête et le coeur du gosse ...

Quand à mon implication, je l'accorde, ce n'est pas banal ... malheureusement dirais-je. Mais comme tout un chacun, je n'ai jamais eu affaire à de tel problèmes auparavant, je vivais paisiblement ma vie, jusqu'à ma rencontre - qui tient du hasard - avec la mère me demandant un service. Une requête qui m'a mis "la puce à l'oreille" et qui m'a alors poussée à creuser la question.

Plus rapidement qu'on ne le pense en pareille situation l'on ne peut reculer, le choix s'amincit devant le dilemne moral "est-ce que je laisse tomber ?" et "Je ne peux pas laisser le petit comme ça ! Il faut agir, au moins tenter quelque chose !". Mon choix à été rapide, je suis restée et il serait aujourd'hui impensable de reculer, tant mon implication à pris en importance à ses yeux.

Les acteurs sociaux :

Parler avec le personnel de l'école : déjà fait. J'ai tenté un contact avec la directrice de la maternelle qu'il fréquente - quand il n'est pas couvert de coups obligeants sa mère à le garder à la maison. Malheureusement, elle devait suivre un stage jusqu'à la fin de l'année scolaire, suivi des congés. Je ne pourrais m'entretenir avec elle qu'en septembre.

Ensuite il y eu l'assistante sociale, qui suite à ma narration m'a reconvoquée pour m'entendre dire que je n'avais plus à m'occuper de cette affaire et que tout serait mis en place pour assurer la protection de l'enfant - j'attend encore ... Bien entendu, j'eu à subir quelques reproches bien placés de sa part. Encore heureuse je suis de ne pas être un homme, qui dans pareille situation se serait certainement fait taxé illico de "pédophile" tant l'époque actuelle se noie dans ses peurs irrationnelles !!! On a vite fait quand on a pas de diplôme (ce qui ne garanti rien d'ailleurs) de passer pour "louche" aujourd'hui ... on en est - et je le mesure pleinement maintenant - à ce point de stupidité qu'il devient dangereux de vouloir aider de son propre chef. Bonjour l'individualisme !!!

Et enfin j'eus à rencontrer l'éducateur, seul interlocuteur à peu près sérieux parmi tous, avec lequel nous nous sommes mis d'accord sur de nombreux points limitant ma part d'action dans un cadre acceptable pour l'enfant, la mère et également pour moi aussi (car je ne me verrais que mal tout assurer à la fois pour tout vous avouer).

Cela dit, il n'y a pas véritablement de travail "en commun" ni de concertation. Il ne m'a laissé en fait que devant les limites de mon action, sans même me solliciter pour consultation régulière sur ce cas (?!). Bon, je ne suis pas du métier, mais là, il y a des choses qui m'échappent tout de même. D'un côté l'assistante sociale qui rejette mon intervention, d'un autre, l'éducateur qui se contente de me rappeler quelques limites, sans demander quelconque justification de ma part. Heureusement que par certains signes j'ai pu mesurer son accord - à titre personnel et non professionnel - envers ma démarche, sinon, je finirait encore rongée par le doute sur mon propre compte !

Maintenant sur le principal de mon interrogation, l'éducation à proprement parler de l'enfant, vous préconisez des sorties simples pour rencontrer des gens sympathiques, même furtivement. Le problème est que je n'ai aucune autorité sur la mère pour exiger d'elle une garde suffisante pour pouvoir l'emmener dehors. De temps à autre il m'est déjà arrivée de l'emmener dans un parc où jouaient d'autres enfants, mais ce fut rare. J'avais observé en effet que cela lui faisait un grand bien, mais malheureusement comme dit il ne m'est pratiquement pas possible de le faire quasi-quotidiennement, ce gamin n'est pas le mien et la décision n'appartient qu'à sa mère d'accepter de me le confier ainsi.

C'est pourquoi je passe par ici pour vous solliciter vous, professionnels de l'animation, afin d'obtenir des idées d'activités à faire chez lui, des activités propres à le valoriser, je vous en serais reconnaissante.

Ceci en attendant de pouvoir le sortir un peu. J'aimerais parvenir en fait à ne jamais tarrir d'idées, afin qu'il y ai toujours quelque chose à faire, ne jamais laisser un silence, un trou s'installer durant mes visites. Car c'est dans ces moments d'hésitation que tout commence à basculer. Le problème vient certainement de mon manque d'imagination en fait ?

Je vous remercie encore vivement pour votre réponse

Patou

[Aude 5]

Ne doute pas de toi comme ca Patou, je pense que tu rends de grands services a cet enfant. Je comprend la réaction de l assistante sociale et de l éduc, qui veulent rester "les pros" les seuls concernés dans l affaire. Mais j aurais tendance a reagir comme toi en voyant que les "autorités" ne font pas avancer les choses: prendre sur moi por aider!!

Part il cet été? Sinon, tu peux aider la mere a l inscrire en centre aéré ca ferait du bien a tout le monde, lui en premier bien sur!!!

Pour les activités manuelles, a part la cuisine et les sorties je suis désolée mais je ne peux vriment pas t aider, avec les gaminsdont je m occupe, ce n est pas possible, tout devient une arme dans leur main, donc je n en connais pratiquement pas!!!

A part demander a la mere de voir un psy je ne peux plus beaucoup t aider Patou, je connais le probleme de chaine de l enfant battu qui bat a son tour quand il est adulte et je crains que ton aide isolée ne soit qu une acalmie pour la mere,tu ne pourras pas l aider seule et tu ne seras pas la tout le temps!!

Fais attention a ne pas te laisser "bouffer" encore une fois, et tiens bon, appelle, rappelle l assistante sociale , harcele la pour qu elle fasse son boulot!

Courage

Aude

[Invité Patou]

J'ai réussi à convaincre la mère pour l'inscrire à un Centre de loisir cet été. Il y sera tout le mois de juillet, ce qui lui permettra de bénéficier d'un contact plus humain et surtout d'un encadrement professionnel. Je connais assez bien les animateurs du centre qui organise ces loisirs d'été, ils connaissent bien leur travail, j'ai averti leur directeur de la situation de l'enfant afin qu'ils en tiennent compte. Je leur fais entièrement confiance, durant ce mois, ils sauront beaucoup l'aider à se restructurer sur le plan psychologique et social. Ce que je crains le plus, c'est l'après, les rechuttes.

Maintenant, je ne sais pas si je vais insister de trop auprès des assistantes sociales dans la mesure où l'éducateur qui est au coeur du problème est au courant de tout, mais pourquoi pas, ne serait-ce que pour les responsabiliser un peu, peut-être le ferais-je.

Merci à vous