Violence Morale

[Philosopheur 0]

Je réagis ici au nombreuses remarques laissés par Jean sur les derniers sujets a propos de violence sur tout ce qui est punition/sanction.

C'est vrai que de nombreuses institutions, personnes, etc, ne se rendent pas compte de la terrible pression morale qui est exercée sur les jeunes, les adultes, et autre ?

Ne serait ce qu'a l'école, j'ai été longtemps écoeuré par le fait que l'on devait réaliser l'oeuvre plastique que la maitresse voulait, et UNIQUEMENT celle-ci. Pareil pour l'écriture, je grifouille toujours un truc illisible, tout simplement parcequ'on devait aller au rythme de tout le monde. Et quand je relis mes cahiers de CE1, je remarque a quel point c'est impressionnant la tension quand j'écris "Quand je fé mes devoir je doi m aplicé".

Plus tard, pour l'apprentissage de la conduite, meme pression, dans des remarques "bah au bout de 60h faudrait que t'y arrives, non ?". Et ainsi de suite.

Par rapport a nos situations, je trouve que l'on nous donne souvent un rôle d'éducation, et que, par rapport a nos mots, nous pouvons blesser très fort. Que la dialectique remplace très souvent la réflexion, et que l'on force le jeune a dire ce que nous voulons entendre.

Une situation qui me choque de plus en plus, c'est de demander au gamin "Pourquoi tu fais ca" ==> Quel gamin vous répondra "J'avais envie de faire pleurer X" ? Je trouve en fait cette question très étrange, et qui contient la réponse de l'anim dedans, en règle générale. Je préfère demander : qu'est ce qui s'est passé ?

Bon a bientot, j'espère que ca va réagir.

A

Jack

[jean 7]

Je ne pensais pas à l'apprentissage. Imaginons que je vais dans une école de musique pour apprendre à jouer du piano, si je fais un fa à la place d'un do, c'est normal que le prof me dise que je me plante.

Pour les loisirs en revanche ouais... là les animateurs peuvent être violents sans donner de baffes.

Imaginons une situation (pas si fictive que ça en réalité) :

Vous êtes face à un conseiller ANPE. Vous n'avez pas de travail depuis quelques mois, il vous fait une remarque sur votre rasage :

1)

Vous devriez vous raser pour les entretiens d'embauche, il faut soigner sa présentation

ou

2)

-À votre avis, qu'est-ce qui cloche dans votre présentation?

-Je ne sais pas, ma coiffure? Je ne me coiffe pas, c'est mon style

-Je ne parlais pas de ça, ni de vos vêtements... (sourire condescendant)

-Ah le rasage? Il faut que je me rase c'est ça?

-Ben oui quand même! C'est évident!

Voilà, moi j'préfère le premier conseiller, celui dont l'expérience parle, et que je peux juger idiot si je veux.

Le deuxième conseiller, celui qui ne dit pas ce qu'il pense, se juge lui-même supérieur. À supposer que je n'aie pas les idées très claires (chômage, désocialisation) je vais comprendre que je suis un idiot.

Je n'ai pas trouvé de meilleure façon d'expliquer tout ça. À mon avis parfois on est le conseiller n°2 avec les enfants, lorsqu'on dit qu'on va dialoguer avec celui qui a fait une bêtise, et en fait, on ne manipule...

Selon le déroulement du dialogue en question, je trouve ça parfois aussi violent qu'une baffe dans la gueule. Avec une différence, celui qui fout une baffe on sait déjà que c'est un con, alors que celui qui manipule non.

[laballe 1]

Salut à tous,

Je dévie la conversation car je viens de lire cet article sur la fessée. On n'est plus dans le moral mais le physique. Il date un peu mais la fin est intéressante.

Pensez qu'il y a quelques années, le père pouvait envoyer son enfant en prison et aujourd'hui, c'est l'inverse, l'enfant prend le 119 pour menacer l'adulte (c'est du vécu!!!!) Il doit sûrement exister un juste milieu entre les deux.

Pour revenir à la violence morale, à partir du moment où l'on vit dans une société, une pression énorme est exercée afin que chacun rentre dans un moule, une case. Tous les moyens sont bons. Les enfants n'y échappent pas et forcément, les animateurs aussi. Ce n'est pas la société qui s'adapte à toi mais toi qui t'adapte à elle.

Et je pense que c'est le point de départ de toute cette violence morale.

à plus

[jean 7]

Au départ je parlais de la violence morale utilisée comme substitut à la violence physique : les comportements des personnes qui ne respectent pas la dignité des enfants.

Il existe beaucoup de cas où cette violence n'est pas nécessaire.

Pour revenir à la violence morale, à partir du moment où l'on vit dans une société, une pression énorme est exercée afin que chacun rentre dans un moule, une case.

Arrête ça me déprime!

Une société a un objectif existentiel : s'unir pour être plus forts. Pas de raison de s'unir quand on n'adhère pas au projet, on n'est pas forcé.

Ce n'est pas la société qui s'adapte à toi mais toi qui t'adapte à elle.

Nan quand même pas. La France et l'Allemagne ne sont pas identiques, la SNCF et la SPA n'ont rien en commun... Une société est ce qu'on en fait. Notre pays est uni sur l'idée qu'un jour, le peuple français a tué son roi pour fonder une meilleure démocratie, et y appliquer les droits de l'homme et du citoyen. C'est absolument grandiose, et on ne peut pas réduire ça à des lieux communs sur le fait de prétendument subir la société en permanence.

On subit ses règles, on jouit de tous ses avantages.

Nous animateurs sommes les responsables d'un groupe (une société) dont des jeunes font partie et qu'ils utilisent.

On a beaucoup de liberté dans le choix des règles, dans les moyens de contrôle, et dans les moyens qu'on utilise pour faire appliquer ces règles.

Ensuite, au nom du groupe, on utilise notre supériorité pour influencer un membre qui menace le groupe. Lorsqu'on fait ça concrètement, est-ce qu'on peut être violent physiquement avec celui qui gêne le groupe? Violent moralement? De quelle violence morale parle-t-on?

[Invité Sylvain]

Pour la féssée, on ne va pas relancer le débat ici, il y a d'autres posts (je crois) qui traitent du sujet sans arriver nulle part, le conscensus n'existant pas.

En ce qui concerne la violence morale, j'ai du mal à faire le lien entre une violence symbolique de la société s'il en existe une (le postulat me semble un peu rapide, même s'il y a certainement une part de vrai) avec la violence morale qu'un individu peu exercer sur autre.

Dans le cas des adultes envers les enfants, il me semble qu'il s'agit d'une manière maladroite que des adultes peuvent avoir pour s'adresser aux enfants, même si l'intention de l'adulte est à la base bonne.

Par exemple, un professeur qui remet a voix haute les copies aux éleves en partant de la note la plus basse en allant vers la plus haute exerce une violence morale. A prioris, le prof ne veux pas humilier les enfants ayant eu une mauvaise note. J'ai un peu du mal d'ailleurs à cerner ce qu'un professeur recherche en faisant cela, mais passons. L'important dans cet exemple banal, c'est le ressenti de l'enfant, et intention ou pas de l'enseignant d'humilier l'enfant, c'est ce qu'il fait, et c'est à mon avis inacceptable.

Les violences psychiques entre enfants sont aussi courrantes. Le sujet commence à emmerger en France, et cela ne m'étonnerais pas que dans quelques années cela devìenne un theme central comme cela l'est chez nos voisins europeens dont les établissements ont tous des plans de prévention. Si cela vous interesse, faites une recherche sur le web avec les mots clefs "mobbing" ou "trobbing" ou "bullying". Ces trois termes sont regroupé sous l'appelation générique de "harcellements" en france.

Voici deux bons livres pour bien débuter sur le sujet:

• Harcèlements à l'école de Nicole Catheline
  Traite l'aspect psychologique des trois parties: enfants, enseignants, familles.
  
  
• Les sentiments de justice à l'école (ouvrage collectif sous la direction de Marie Duru-Bellat et Denis Meuret)
  Beaucoup de chiffres, de tableaux et de statistiques. Un livre qui orienté un peu plus sur l'aspect sociologique du sujet. Je ne suis pas encore arrivé à la fin, mais le début est très interressant ; )