Animation Scientifique

[Philosopheur 0]

Bonjour cher habitués du forum

Comme certains le savent, je termine une formation de BPJEPS qui a duré un an et demi, et j'ai découvert par ce biais l'animation scientifique et technique, l'animation "naturaliste" a la manière de la FCPN.

Je voulais savoir un peu votre avis sur l'état de la question d'après vos expériences. Mettez vous en place des animations natures sur vos centres, des animations scientifiques. Avez vous vu la place toujours plus importante qu'ont pris certaines structures, fédérations, associations, entreprises ?

Présentement je travaille pour une entreprise qui fait beaucoup de séjours scientifiques, et dont le siège est a bagneux. Son nom revient souvent dans les forums. Si l'entreprise à le méritez d'éveiller la curiosité auprès des jeunes et de leurs familles par rapport à la science, je trouve que cela reste très commercial...

Enfin le but de mon message est le suivant : pensez vous qu'une éducation à la manière clup connaitre protéger la nature est encore possible aujourd'hui ? Ne sommes nous pas écrasés par des structures qui on pignon sur rue, et qui sont la pour vendre un produit de savoir ?

Avec le groupe de stagiaires, nous sommes allés à VI... (en ile de france, une fédé qui parle de l'approche de la ville), et nous avons rencontré une créatrice d'outil qui a créé un jeu injouable, destiné aux enseignants, et dont le poste était "animatrice" alors qu'elle était surtout "guide architecte". La visite qu'elle nous a mené manquait d'animation justement.

Animateur est un gage de ludique en ce moment, ca vend très bien aux écoles, donc...

Deux questions ressortent de ca :

- Pratiquez vous la science et la nature dans vos structures et là ou vous travaillez ?

- Avez vous apercu la multitude d'associations qui se copient les unes les autres, qui se revendiquent de l'animation, et qui vendent un savoir (urbanisme, nature, sciences) ? Qu'en pensez vous ?

[Invité Noël KOLM]

Le sujet me parait très intéressant. En tous cas, il m'intéresse.

Cependant, le moins que l'on puisse dire est qu'il est vaste.

S'il s'agit de constater que depuis la "crise", le grand public est particulièrement sensibilisé aux problèmes relatifs à la "Nature" . C'est vrai et c'est heureux. Il serait même intéressant de se demander comment on en est arrivé à méconnaitre à ce point la nature dont nous faisons partie, y compris avec des enfants (par exemple lorsqu'il était de mode de faire des activités à base de bois vert qu'on allait joyeusement prélever sur des arbres mutilés!). Si en effet on veut bien admettre qu'il n'y a pas sur terre l'homme et la nature et que l'homme est partie de la nature, alors il n'y a pas à protéger la nature mais à nous protéger, nous les hommes et la nature dont nous sommes. (Attention à quelques dogmes religieux contraires à cette conception).

Toujours s'agissant de la nature, en matière de loisirs, après que celle-ci ait été simplement consommée, on voit fleurir de nouvelles voies de tourisme sur ce "marché" porteur. Car en effet, il est à craindre que de nombreuses actions ne fassent que reprendre le thème pour le vendre et le "consommer"! Un article sur le développement de l'"écotourisme" l'évoque dans un grand hebdomadaire de cette semaine. Il est édifiant. Et nous savons qu'en matière d'animation et de tourisme, les modes se propagent en descendant les tranches d'âge (adulte puis ados puis enfants, etc...). Ne soyons donc pas étonnés que des organismes investissent ce domaine. Au moins espérons que ceci remplacera les quads et mini-moto (j'ai ouvert un thème la-dessus... sans grand intérêt) Mais j'approuve ta méfiance d'une approche mercantile d'autant qu'elle biaise la cible.

S'agissant de science, je voudrais simplement apporter ma contribution en faisant part d'expériences réelles:

si il s'agit de refaire les expériences et manipulations en principe faites en classe, c'est, me semble-t-il d'un intérêt bien limité. Pourquoi? Simplement parceque les enfants inscrits dans ce genre de stage sont de milieux qui poussent les études et sont soit motivés, soit sous pression. Pour les premiers, pas grand'chose à amener si ce n'est des vérifications éventuellement gratifiantes. On sait que ce sont toujours les mêmes qui savent et qui réussissent tout! On en rajoutera simplement encore une couche pendant les vacances. C'est bon pour le remplissage, mais ce n'est pas bon pour une culture populaire ou, en tous cas, pour populariser une culture. G. Charpak s'est longuement étendu sur ce sujet, en particulier à l'intention des enfants qui ne sont pas en situation de réussite et à qui une aide peut être apportée sous conditions mentionnées plus bas.

Si par contre nous avons quelque vocation d'éducation populaire, alors il faut voir les choses autrement:

En préambule, il faut s'assurer que nous avons bien les mêmes postulats et fondements. A défaut, la discussion va être stérile:

1) que les enfants grandissent et s'éduquent dans 3 sphères bien identifiées qui sont la famille, l'école et le temps libre.

2) que les enfants, par nature, sont tout le temps en train d'apprendre quelque chose. Apprentissage formel ou informel, savoirs instruits ou construits, c'est tout le temps.

A partir de là:

1) les mêmes éléments de culture doivent être apportés dans ces différentes sphères. Elles n'ont donc d'intérêt que si elles sont complémentaires mais dans l'unicité qui est nécessaire pour éviter d'insupportables contradictions: en clair, si c'est pour refaire en vacances ce que l'on a fait en classe ou en famille, c'est inutile.

2) puisque les enfants sont tout le temps en train d'apprendre, alors ce n'est pas le non apprentissage qui caractérise des vacances. C'est la manière de le faire ... qui doit être ludique.

En clair, le contenu est le même mais l'approche doit être différente... donc la pédagogie.

Ce qui conduit évidemment à admettre sans hésitation l'intérêt de séjours scientifiques ... qui approchent ces domaines mais avec des pédagogies différentes. Là est le problème. Et je m'y suis heurté !

Il y a quelque temps, certaines écoles élémentaires avaient lancé des programme sur un "tiers-temps pédagogique". Je l'ai bien connu. En réalité, seul le tiers-temps s'appellait pédagogique car c'était la même pédagogie qui était mise en oeuvre dans des temps qui s'avéraient peu différenciés. Pas étonnant avec les mêmes personnes dans les mêmes lieux.

Quand au temps libre, une durée courte obère la possibilité de comprendre et investir une pédagogie différente de celle mise en oeuvre à l'école.

Tout le problème consiste donc, à mon sens et avant toute chose, à concevoir une pédagogie qui réponde aux prémisses ici énnoncées.... et à en faire bénéficier des enfants à qui ça va être utile.

Je regrette la longueur de cette réponse dans un forum mais un survol général préalable m'apparait utile. Ultérieurement, des approfondissement, s'ils sont souhaités, pourront approcher les problèmes par série plus "cantonnées".

Je crois enfin utile de préciser que si j'ai synthétisé ici mes expériences, il y en a d'autres ... et d'autres manières de voir les choses. Si je peux ainsi contribuer à faire circuler des idées et aider à faire avancer notre domaine, j'en serai ravi.

Noël