Cesco

Evaluation Grands Jeux

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Bonjour,

une petite question qui me taraude depuis quelques temps.

En réunion, les directeurs (du moins ceux que j'ai pu rencontrer) ont souvent l'habitude de ne parler que des futures activités. "Que fait-on demain ?", "Qu'avez-vous préparé comme veillée pour samedi ?".

En revanche, le retour sur les activités de la journée est toujours expéditif (là encore je parle de mon expérience) : "rien à dire sur ce qui s'est passé aujourd'hui ? -Si, Killian a encore été puni".

Mais rarement quelque chose sur le contenu des activités. Au lieu de développer tous les apports (développement moteur, dextérité etc etc) qui différent finalement peu d'une activité à l'autre, il serait de bon ton de développer des outils d'évaluation des activités. Afin de se rendre compte de la qualité des animations proposés les jours précédents, de ce qui a cloché, de ce qui a marché, de ce qu'on doit garder ou modifier...

Et c'est trop peu le cas sur le terrain.

Alors, comment évaluez-vous (si vous le faites) les animations que vous mettez en place ?

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Salut CESCO !

Ecoute, je vois par ton profil que tu es formateur et directeur-adjoint. Je suis parfaitement d'accord que beaucoup de directeur passe à côté de moment constructif, qui se trouve des excuses ou que le temps n'est pas suffisant. Toujours est-il que ce n'est pas comme ça que les stagiaires pourront se former. Je te donne un peu mon point de vue.

Si tu évalues tes activités, je pense que nous faisons partie des 20% d'animateurs qui le font, si ce n'est moins entre ceux qui sont bons mais ne pousseront jamais leur niveau d'animation plus loin, les flemmards, les "vas-y c'est bon je suis crevé", ce qui font ça pour le fric et j'en oublie.

Pourquoi ? Parce qu'à la base, peu de directeurs de colonie de vacances (moins en ALSH où c'est plus constructif) donnent les moyens de le faire. C'est le boss donc par priorité c'est la journée du lendemain, les clashs du jour comme tu l'as dit et 5ème, parfois avant même d'avoir terminé la réunion...

Et c'est un cap supérieur d'un animateur de savoir-faire des jeux où il va réfléchir d'instinct au lieu, au matériel nécessaire, à ce que l'enfant développe, aux objectifs pédagogiques (cohésion, défoulement, dissociation segmentaire, socialisation etc...).

Je réponds à ta question mais ce n'est pas le seul moyen de m'évaluer ;).

- A la base, je prépare bien mes grands jeux ou jeux (l'expérience acquise selon le public, les anims avec qui tu te retrouves, la communication etc...) me permet que celle-ci soit déjà bien ficelée.

- Dans l'action j'analyse ce qui ne va pas.

- Quand j'ai un petit moment, je demande aux anims avec qui j'ai fait le jeu ce qu'il en a pensé.

- A la réunion, j'expose la différence vu, pratiqué et ressentie, entre ce qui a été fait et ce qui a été prévue.

- En fonction de ça, nous parlons tous ensemble pour dire "ok ça on garde, ça on vire, et ça on améliore". Je reviens aussi sur les consignes données pour le bon déroulement du jeu parce que quand elles ne sont pas respectées ça peut faire mal.

Voilà, dis moi ce que tu en penses ;). Tu es une personne intéressante.

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Salut,

tu fais donc partie des rares animateurs faisant une évaluation, un retour sur les activités qu'ils ont menés, lors des réunions.

Mais as-tu déjà rencontré des directeurs qui imposaient aux animateurs de faire ce point lors des réunions ?

Pour moi, ça devrait être la base.

Ce serait déjà un outil pour les trop nombreux directeurs qui ne vont jamais sur le terrain de savoir ce que donne le travail de leur équipe, quelle capacité d'analyse et d'auto-évaluation ont chacun des membres (on voit souvent des directeurs évaluer leurs animateurs et on se demande sur quels critères ils font cette éval', ne les ayant jamais vus à l'oeuvre...).

Mais surtout, c'est uniquement à ce prix que les animateurs progresseront dans leur pratique. Je parle des animateurs n'ayant pas forcément encore assez de recul pour être capable de mener leurs évaluations, leurs réflexions d'eux-mêmes.

A travers l'évaluation, c'est la conception de l'animation de chaque animateur qui est visible, qui s'argumente, se défend... S'interroge. Et se peaufine.

Enfin, pour les enfants, puisque c'est bien là l'essentiel, on peut oser espérer qu'une animation bien évaluée permettra d'éviter de tomber dans les mêmes écueils lors des suivantes. Que leurs besoins et envies seront davantage pris en compte la fois suivante. Tout en imposant les évidentes normes et limites.

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Sur quoi est-ce que tu te bases pour affirmer que c'est rare ?

Je suis animatrice depuis 6 ans et je n'ai jamais connu de séjour où l'on ne faisait pas un compte-rendu en fin de journée, même en centre-aéré.

Le rôle du directeur est alors de trouver une manière efficace mais rapide de mener le récapitulatif des activités.

Parce que quand on est 12 anims ça prend beaucoup de temps.

Par contre, je pars en séjour la semaine prochaine et l'organisateur nous a demandé de terminer les réunions du soir au maximum à minuit pour respecter les 8h de repos quotidiens...

Du coup, je me demande si ce ne sera pas la première fois où l'évaluation des activités va sauter ou être bâclé.

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Je me base sur mon expérience, sur mes échanges, sur mes diverses formations. Je n'ai rencontré qu'une personne effectuant une réelle évaluation. Ce qui suffit à dire que, dans mon réseau, c'est rare. Ca ne l'est peut-être pas dans le tien, dans ce cas, je me réjouis qu'il existe des évaluations dans le milieu de l'animation.

Cela dit, si tu parles de compte-rendus, cela mérite un éclaircissement pour voir si l'on parle de la même chose. Si ce que tu entends par là est : "on a fait ça, ça s'est bien passé", ce n'est pas une évaluation. Une évaluation permet de revenir en détail sur ce qui a été fait. Sur POURQUOI ça n'a pas fonctionné. Sur COMMENT s'y prendre pour corriger tel ou tel point dans la conception du jeu, des temps de vie quotidienne, de comprendre POURQUOI tel enfant réagit comme ça. Que ce n'est pas une fatalité car "il est difficile", mais parce qu'on l'a incité, souvent sans même s'en rendre compte, à réagir ainsi, via notre pratique.

Je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il faille aborder cela de manière rapide. J'ai connu des réunions d'une heure et demie lors desquelles on ne faisait aucune évaluation. Le temps, on l'a. Sur une réunion d'une heure, on peut accorder 30 minutes à l'évaluation. Minimum. C'est du temps de gagné sur le reste des points à évoquer. Si l'évaluation a pointé le fait qu'il manquait xxxx dans les animations mises en place, lorsque vient le moment d'évoquer les animations du lendemain, on n'a pas besoin de revenir en long et en large sur cela. Il faudra enrichir l'animation du xxxx qui a manqué la veille.

Après, c'est ma façon de voir les choses, il existe sans doute d'autres manières efficaces d'aborder une réunion sans faire d'évaluation, et je suis ravi de les entendre.

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J'ai également précisé "efficace".

Lorsque ça l'est c'est beaucoup plus rapide que lorsque ça ne l'est pas.

Une réunion rapide, pour moi c'est lorsque l'on ne revient pas d'un coup sur un sujet que l'on croyait terminé dix minutes avant. Ce n'est pas donner la parole aux anims à tour de parole pour qu'ils se répètent les uns les autres, mais passer d'un sujet à l'autre, d'une activité à l'autre. Si je dis ça c'est parce que j'ai connu des réunions où ce temps de récapitulation était interminable et complètement inutile car mal ou non dirigé.

Pour les compte-rendu, c'est exactement pareil que ce que l'on fait pendant le bafa:

Est-ce que l'activité s'est bien déroulée ?

Est-ce qu'elle était suffisamment préparée ?

Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné et pourquoi ?

Sur quels points certains animateurs doivent s'améliorer et lesquels peuvent les y aider ?

Etc.

En plus, on essaie de tirer des leçons de ce jeu pour améliorer les suivants:

Est-ce que le terrain était adapté, sinon où aller pour les jeux similaires ?

Est-ce qu'il y a eu une bonne dynamique de groupe ?

Est-ce que laisser les enfants créer leurs équipes / imposer les équipes fonctionne ?

Est-ce qu'il y a eu des enfants qui se sont mis / ont été mis à l'écart, si oui comment y remédier ?

Est-ce que le jeu ne nécessitait pas une sensibilisation plus longue / plus courte ?

Etc.

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En plus, on essaie de tirer des leçons de ce jeu pour améliorer les suivants:

Est-ce que le terrain était adapté, sinon où aller pour les jeux similaires ?

Est-ce qu'il y a eu une bonne dynamique de groupe ?

Est-ce que laisser les enfants créer leurs équipes / imposer les équipes fonctionne ?

Est-ce qu'il y a eu des enfants qui se sont mis / ont été mis à l'écart, si oui comment y remédier ?

Est-ce que le jeu ne nécessitait pas une sensibilisation plus longue / plus courte ?

Etc.

Voilà ce que j'entends par évaluation, c'est de ce genre de questions qu'il est inévitable de se poser en équipe. Alors pas forcément toutes chaque jour. Mais sur un début de séjour, on doit s'être posé à peu près toutes ces questions. Pour être d'accord en équipe.

Je reste en revanche pour le tour de parole. Il est indispensable que chaque animateur s'exprime pendant la réunion. Afin que chacun se l'approprie. Quand je dis "s'exprime", ce n'est pas juste dire 3 mots en 10 secondes. Chacun doit avoir les moyens de s'exprimer. S'il n'est pas à l'aise pour prendre la parole comme ça, on la lui donne. Ce n'est qu'un outil facilitateur, quelqu'un qui ne veut pas parler, ne parlera pas pour autant, c'est évident.

Si tout le monde parle et est à l'aise, on peut se passer de ce tour de table, mais revenir, en fin de réunion, sur ce que pensent les animateurs qui se sont peu exprimés, est indispensable à mon sens.

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Bien sûr que l'on donne la parole à chaque animateur, encore une fois comme lors du bafa chacun DOIT avoir quelque chose à dire sur la journée / l'activité qu'il a animé.

Mais ce que je n'aime pas, c'est lorsque les animateurs font le bilan de leurs activités chacun à leur tour.

Souvent, les uns répètent ce que les autres ont dit et, au lieu de réagir ensemble à un sujet, on doit attendre son tour ou attendre que l'un ait fini son tour de parole pour avoir la réaction de l'autre.

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Attention quand même à ne pas prendre tout ce qu'on apprend au BAFA comme parole d'évangile.

Selon les formateurs que l'on a (comme partout d'ailleurs), il y a à boire et à manger.

J'ai entendu quelques énormités de la bouche des formateurs, que ce soit lorsque j'étais animateur ou formateur (et j'en ai d'ailleurs sans doute dite dans ce rôle) qui me font relativiser l'apport du BAFA.

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Ca, c'est une question qu'il est intéressant de se poser pour les formateurs BAFA. J'avoue que je n'ai pas la (ou plutôt les) réponse(s).

Je vais être bateau, mais le manque de temps, le fait que l'animation soit considéré comme beaucoup comme "un job à statut mineur", ce qui n'est pas trop étonnant quand on voit que c'est payé au rabais, avec des autorisations, pour l'employeur, qu'on ne voit pas ailleurs (bosser 24 heures consécutives en colo, par exemple, cela dit, personnellement, ça ne me dérange pas, mais j'exige des repos compensateurs derrière, on y vient, mais ça prend du temps).

Et puis le fait que le BAFA soit une formation courte aussi. On aborde les choses rapidement. Tu fais l'impasse sur une heure, et t'as toute une notion qui te manque...

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C'est peut-être une façon d'aborder l'animation qui est étrangère au BAFA.

Entre la préparation des activités, le contrôle du directeur sur l'organisation, et l'intelligence générale des animateurs, il y a une mécanique bien huilée qui conduit l'équipe à réussir la plupart du temps ses activités. Si les animateurs l'évaluent, c'est mieux car ils progresseront, mais c'est quelque chose d'assez individuel je trouve, et ça n'attend pas la réunion du soir ; généralement dès qu'il y a un couac, on en trouve la cause et on ne la reproduit pas ensuite.

A vrai dire en tant que directeur surtout, ce qui me préoccupe plus c'est les animateurs qui ont des personnalités qui gênent le travail de groupe : être impulsif, ne pas accepter les compromis, semer la zizanie...

Si on veut aller plus loin on aborde donc des questions autrement plus complexes qui sont :

-les rapports humains

-la dynamique de l'équipe d'animation

-l'engagement de chacun

-...

On peut essayer de rester très technique, de parler de pédagogie, du projet pédagogique, de moyens, de méthode, de dynamique de groupe, de psychologie, etc. Mais le fond du problème, avec un directeur de 23 ans et une équipe d'une moyenne de 19 ans, c'est que l'engagement est encore facilement brouillé par la personnalité de chacun.

Pour ce genre de travail j'utilisais une petite fiche, c'est un guide de réunion ; en l'ayant avant la réunion, les animateurs pouvaient se poser les questions tranquillement et être plus efficaces ensuite. (c'est la même fiche tous les soirs)

A approfondir maintenant, il resterait la question de "quand les enfants ne réagissent pas comme on s'y attend". Dans tous les cas ça mérite qu'on s'y attarde, mais différemment. Si c'est une majorité d'enfants qui ont un comportement impromptu il faut en parler en réunion car c'est une question d'organisation générale (pour se rendre compte que c'était l'organisation de l'animation qui était impromptue pour les enfants). S'il s'agit de réactions atypiques isolées, c'est à dire un enfant qui a un comportement étrange, perturbateur, etc. c'est plus une question de sécurité, et alors là... ça peut durer trois plombes. Je dirais qu'il faut traiter ces sujets pendant la journée, et en réunion faire un bilan concis.

J'ai dirigé que des séjours où quasiment tous les enfants ont de très gros problèmes, c'est encore autre chose... Là, chaque animateur avait un carnet sur lui toute la journée pour tout noter et s'en souvenir. A la réunion la méthode est assez simple : pour chaque difficulté, on recherche la cause, on prend une décision, et on passe au suivant. En théorie ça peut aller vite. L'objectif du directeur : se tenir bien au courant de ce qui se passe sur son séjour. L'objectif vis à vis de l'équipe : considérer les difficultés de chaque animateur, avoir une équipe soudée face à certains problèmes. L'objectif général : assurer la sécurité de chacun et la bonne image de l'association.

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Réussir la plupart du temps ses activités, oui. Mais créer un système où l'enfant a réellement le choix, tout en posant les limites nécessaires à un maintien de la sécurité, ça demande à mon sens une réflexion au-dessus de la "mécanique bien huilée".

Pour moi, l'évaluation n'a de sens que si elle est collective. Car c'est dans la confrontation de son opinion à celle de l'autre que l'on remettra le plus facilement en question sa pratique, renforçant ainsi certaines idées, en délaissant d'autres. Quand il y a un couac, il n'est pas toujours facile d'en trouver la cause de suite, lorsqu'on a la tête dans le guidon. Surtout lorsqu'il s'agit d'une situation où on a, bien malgré soi, donné à l'enfant toutes les conditions pour qu'il se mette en colère. Ca demande une réflexion en groupe sur le comportement de cet enfant, et la façon dont on peut solutionner ce pan de son caractère. Ce n'est qu'une exemple des situations à gérer en réunion le soir.

D'autres, plus bénignes, peuvent effectivement être réglées sur le moment, mais tous les animateurs ne sont pas forcément là à cet instant, d'où l'importance de communiquer le soir.

Je ne pense pas non plus qu'il faille séparer le retour sur la journée/les activités/les enfants et la dynamique de l'équipe. Pour moi, tout ceci est lié, et si on implique toute l'équipe à évaluer son action, les éventuelles failles du mode de fonctionnement de l'équipe deviendront criantes. Et on pourra travailler dessus.

Je ne suis pas pour faire, ce qui semblait à la mode à une époque, des petits exercices type celui de la NASA, pour déterminer qui est le leader, qui est suiveur, qui prend le parti inverse, qui fait les consensus... Tout cela, si le directeur suit son équipe (en réunion, mais surtout sur le terrain), il le sait. Plus important est à mon sens la question de : comment faire avec cette équipe et ces différents caractères. Ca passe par une réinterprétation de la pratique de l'équipe, une réorganisation de celle-ci qui ne doit pas être subie par l'équipe. Le directeur peut dire qu'il aimerait un nouveau mode de fonctionnement en appuyant ce qui le gêne dans le fonctionnement adopté par l'équipe, mais la nouvelle organisation doit être décidée avec l'équipe.

On peut essayer de rester très technique, de parler de pédagogie, du projet pédagogique, de moyens, de méthode, de dynamique de groupe, de psychologie, etc. Mais le fond du problème, avec un directeur de 23 ans et une équipe d'une moyenne de 19 ans, c'est que l'engagement est encore facilement brouillé par la personnalité de chacun.

Je comprends moins ce que tu veux dire par là. Peux-tu m'éclairer ?

Pour ce genre de travail j'utilisais une petite fiche, c'est un guide de réunion ; en l'ayant avant la réunion, les animateurs pouvaient se poser les questions tranquillement et être plus efficaces ensuite. (c'est la même fiche tous les soirs)

Oui, ça c'est un outil très intéressant. Il me semble évident que les animateurs doivent connaître la trame de la réunion, et avoir les moyens de la préparer, d'en être vraiment acteur. Peux-tu détailler (ou l'as-tu) ce que comportait cette fiche ? Je m'interroge sur cet outil, que je souhaite mettre en place, et je pourrais m'inspirer du tien.

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Quand l'enfant a le choix c'est pareil, j'aurais même pas pensé qu'il n'avait pas le choix en fait. Mais préparer contrôler se comporter plus ou moins intelligemment, c'est à la portée de toutes les équipes, encore heureux, et du coup les gens travaillent plutôt bien sur le terrain.

Pour moi, l'évaluation n'a de sens que si elle est collective. Car c'est dans la confrontation de son opinion à celle de l'autre que l'on remettra le plus facilement en question sa pratique, renforçant ainsi certaines idées, en délaissant d'autres
Hm? Je ne sais pas trop de quoi on parle. Évaluer la journée, ce n'est pas confronter ses idées, opinions et valeurs... Ça c'est le projet péda, le cinquième, les discussions métaphysiques interminables sur ce forum ou ailleurs autour d'un café... enfin c'est quand on a du temps à perdre.

Mais le projet existe avant le séjour, et mis à part certains ajustements, on ne le réécrit pas pendant le séjour.

Surtout lorsqu'il s'agit d'une situation où on a, bien malgré soi, donné à l'enfant toutes les conditions pour qu'il se mette en colère. Ca demande une réflexion en groupe sur le comportement de cet enfant, et la façon dont on peut solutionner ce pan de son caractère.
Ben c'est ce que je disais sauf qu'on va pas mobiliser l'équipe entière pour ça en réunion. Pour un cas isolé comme ça, moi je préfère qu'on gère ça en journée avec les personnes concernées (cad qq animateurs et l'enfant, et les autres concernés) et le soir en réunion c'est juste un rapport (ouvert avec possibilité de répondre aux questions).

Je ne pense pas non plus qu'il faille séparer le retour sur la journée/les activités/les enfants et la dynamique de l'équipe. Pour moi, tout ceci est lié, et si on implique toute l'équipe à évaluer son action, les éventuelles failles du mode de fonctionnement de l'équipe deviendront criantes. Et on pourra travailler dessus.
C'est à dire que ça se fait tard, que les animateurs détestent ça pour la plupart, qu'à chaque quart d'heure qui passe, on perd l'attention d'un quart de l'équipe.

Donc pour une réunion : ordre du jour clair, méthodique, découpage évident, prise de décisions rapide.

Je comprends moins ce que tu veux dire par là. Peux-tu m'éclairer ?
Ben tant que c'est technique c'est facile, c'est fait en 3 minutes à la réunion. Si c'est des questions liées au comportement et au caractère des animateurs c'est plus complexe.

Les fiches je n'en ai plus désolé. C'est à faire au cas par cas selon le séjour de toute façon. Les questions sont des entrées pour la réunion : comment je suis physiquement (fatigue...), comment je me sens dans l'équipe, comment je me sens par rapport à mon travail...

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Quand l'enfant a le choix c'est pareil, j'aurais même pas pensé qu'il n'avait pas le choix en fait. Mais préparer contrôler se comporter plus ou moins intelligemment, c'est à la portée de toutes les équipes, encore heureux, et du coup les gens travaillent plutôt bien sur le terrain.

Là encore, je m'appuie sur mon expérience sur le terrain, mais les équipes qui prétendaient bien fonctionner sans analyser vraiment leur pratique, c'était toujours celles qui "dictaient" leur mode de fonctionnement à des enfants dont on ne prenait pas réellement en compte le choix. Ce dernier n'était acteur de rien et pouvait, au mieux, choisir dans quelle chambre il dormait, ou entre deux activités laquelle lui convenait le mieux.

Hm? Je ne sais pas trop de quoi on parle. Évaluer la journée, ce n'est pas confronter ses idées, opinions et valeurs... Ça c'est le projet péda, le cinquième, les discussions métaphysiques interminables sur ce forum ou ailleurs autour d'un café... enfin c'est quand on a du temps à perdre.

Je ne parlais pas de discussions métaphysiques, mais bien d'analyse de sa pratique.

Il me semble peu pertinent qu'untel adopte une position pour régler un conflit, voit que ça marche ou non, et n'en fasse pas un retour en réunion le soir.

Ce qui n'est le plus souvent pas long, puisqu'il n'y a souvent rien à dire et pas à confronter d'opposition les trois quarts du temps. Mais il est indispensable que ce retour ait lieu et que, si la solution trouvée n'a pas été efficace, en chercher une plus adaptée en équipe. Ce qui n'a pas besoin de justifier de longs débats. Il n'est pas question de réécrire le projet, je m'étonne d'avoir pu laisser penser une telle chose dans mes propos.

Ben c'est ce que je disais sauf qu'on va pas mobiliser l'équipe entière pour ça en réunion. Pour un cas isolé comme ça, moi je préfère qu'on gère ça en journée avec les personnes concernées (cad qq animateurs et l'enfant, et les autres concernés) et le soir en réunion c'est juste un rapport (ouvert avec possibilité de répondre aux questions).

Nous disons donc exactement la même chose... Il est évident que quand l'enfant est en situation de crise, je ne demande pas aux animateurs de le coucher sur un papier et d'en parler à la réunion pour prendre une décision... Evaluer le soir signifie qu'il y a eu des prises de décision, des choses à analyser, des prises de risques éducatives dans la journée. Et qu'on en rend compte le soir. Avec possibilité d'échanger pour une prise de décision.

C'est à dire que ça se fait tard, que les animateurs détestent ça pour la plupart, qu'à chaque quart d'heure qui passe, on perd l'attention d'un quart de l'équipe.

Encore une fois, ce n'est pas parce qu'on analyse sa pratique sur la journée et qu'on analyse l'état d'esprit de certains enfants dont la situation a pu mériter qu'on revienne dessus le soir, qu'on va mettre pour cela 2 heures. En trois quarts d'heure, c'est souvent bouclé. Mais je pense qu'il ne faut pas faire l'économie de ce temps.

Donc pour une réunion : ordre du jour clair, méthodique, découpage évident, prise de décisions rapide.

Pas d'ordre du jour de mon côté car ce sont les animateurs qui font vivre la réunion. Je ne m'estime donc pas en mesure de dresser un ordre du jour en sachant que j'ai été moins qu'eux sur le terrain sur la journée.

En revanche, découpage des parties (activités menées+à mener/enfants dont la situation a posé question+solutions à l'avenir/état d'esprit de l'équipe+éventuelles réorganisations) bien définies, avec majoritairement les animateurs qui font vivre ce temps.

Quand aux prises de décisions, elles sont rapides dans l'idéal, mais s'il y a par exemple un problème en profondeur entre membres de l'équipe, difficile de dire que le délai prévu pour la réunion est dépassé. On déborde et on l'étudie en profondeur.

Et à côté de ça, s'il n'y a rien de spécial à dire deux jours après, la réunion pourra ne durer que 20 minutes...

Ben tant que c'est technique c'est facile, c'est fait en 3 minutes à la réunion. Si c'est des questions liées au comportement et au caractère des animateurs c'est plus complexe.

Plus complexe mais aussi, en ce qui me concerne, plus passionnant.

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les équipes qui prétendaient bien fonctionner sans analyser vraiment leur pratique, c'était toujours celles qui "dictaient" leur mode de fonctionnement à des enfants dont on ne prenait pas réellement en compte le choix
C'est une question de projet pédagogique ça. Et que tu l'aies observé n'établit pas pour autant de lien logique : on peut avoir une équipe qui est à l'écoute des enfants sans qu'il y ait de réunion, et on peut avoir une équipe qui fait de l'analyse de pratique tous les soirs sans prendre en compte les enfants.

Le critère de base c'est le projet, comment il est mis en place, etc. S'il faut prendre en compte les enfants, ce doit être une évidence dans le projet pédagogique, celui-là même qui servira de base lors du recrutement pour faire un choix entre les candidats.

Je ne parlais pas de discussions métaphysiques, mais bien d'analyse de sa pratique.
Et l'analyse de pratique c'est bien souvent de la métaphysique (mais évidemment, ça a un sens péjoratif car les discussions qu'on a entre animateurs relèvent bien souvent de la philosophie de comptoir). Enfin j'ai rien contre, je passe mon temps à en faire ici :-p

Mais disons qu'en réunion quand on se demande pourquoi les enfants n'ont pas compris les mots qu'a dit tel intervenant (bruit, chahut, intervention mal annoncée, trop de choses qui captaient l'attention des enfants, etc.) là on est dans l'évaluation d'une animation, et on apprend à mieux faire son boulot ; et si en réunion on se demande pourquoi tel enfant a passé son temps à insulter les animateurs, on va se le demander longtemps parce que ce n'est pas de l'animation mais de l'éducation spécialisée.

C'est évaluer les comportements, mais sur quelles bases... L'équipe n'est pas formée, ni le directeur ni les animateurs... Alors ouais, si on reçoit un enfant handicapé sur le séjour, plus quelques-uns qui vont être très perturbateurs, on peut évoquer le sujet pour savoir comment ça s'est passé en réunion, mais c'est très long, c'est la porte ouverte à tous les clichés, etc. En plus de ça pour que ce genre d'évaluation ait de la valeur, il faut qu'elle soit suivie de décisions, et bien souvent, on ne peut pas, parce que les parents ne sont pas dispo, ou plus généralement parce que l'organisateur refuse qu'on renvoie un enfant ou qu'on recrute deux animateurs supplémentaires pour soulager l'équipe.

Ce genre de décision doit être pris avant le séjour et figurer dans le règlement intérieur du centre.

et qu'on analyse l'état d'esprit de certains enfants dont la situation a pu mériter qu'on revienne dessus le soir, qu'on va mettre pour cela 2 heures. En trois quarts d'heure, c'est souvent bouclé. Mais je pense qu'il ne faut pas faire l'économie de ce temps.
Eh bien moi je le pense. D'abord, comment différencier ceux qui méritent la considération et ceux qui n'en méritent pas? Ce genre de raisonnement ça aboutit parfois (assez facilement à mon goût) à accorder un surcroit de considération aux perturbateurs et même des cadeaux, des compliments, des attentions qu'on n'accorde pas à des enfants "sages".

Que les deux animateurs concernés voient ça avec leur adjoint, c'est normal, mais que toute l'équipe se mette à confronter ses opinions et avancer ses propositions et ses suppositions sur un enfant dont ils s'occupent pas, ben ça non c'est pas normal.

Je ne m'estime donc pas en mesure de dresser un ordre du jour en sachant que j'ai été moins qu'eux sur le terrain sur la journée.
Il n'y a pas d'ordre du jour mais il y a quand même un ordre du jour... lol Moi quand je demande à des gens de se réunir, je leur annonce pourquoi en même temps.

Plus complexe mais aussi, en ce qui me concerne, plus passionnant.
Ah moi c'est pas mon truc. J'ai d'autres passions que ça dans la vie, plus intéressantes que les prises de bec entre jeunes cons prétentieux.

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C'est une question de projet pédagogique ça. Et que tu l'aies observé n'établit pas pour autant de lien logique : on peut avoir une équipe qui est à l'écoute des enfants sans qu'il y ait de réunion, et on peut avoir une équipe qui fait de l'analyse de pratique tous les soirs sans prendre en compte les enfants.

Le critère de base c'est le projet, comment il est mis en place, etc. S'il faut prendre en compte les enfants, ce doit être une évidence dans le projet pédagogique, celui-là même qui servira de base lors du recrutement pour faire un choix entre les candidats.

J'ai tellement de réserves à émettre par rapport aux projets pédagogiques, qui, à mon sens, ne servent qu'à aveugler l'organisateur en lui expliquant ce qu'il a envie d'entendre (les enfants seront en sécurité bla bla bla, recherche de l'autonomie). On s'en doute, mais à partir du moment où le projet péda ne décline pas comment il vise cette arrivée à l'autonomie, il ne sert à rien. Et c'est trop souvent ce qu'on voit. Des objectifs sans énoncer les moyens pour y arriver. Un projet péda a son utilité, mais comme outil de complément. Il ne peut en aucun sens se substituer aux échanges entre humains, entre ceux qui feront vivre aux enfants le séjour. Ca ne me dérange pas qu'en préparant le séjour, deux jours avant, les animateurs me disent : "ba après s'être vus tous ensembles, on a réfléchi, on pense que ça, faudrait pas le faire comme ça". Ba on change le projet péda. Au contraire, je dis banco (pour peu que leur réflexion ne soit pas d'une idiotie évidente), voilà des animateurs visiblement dynamiques, autonomes et ayant réfléchi leur action.

Et l'analyse de pratique c'est bien souvent de la métaphysique (mais évidemment, ça a un sens péjoratif car les discussions qu'on a entre animateurs relèvent bien souvent de la philosophie de comptoir). Enfin j'ai rien contre, je passe mon temps à en faire ici :-p

Mais disons qu'en réunion quand on se demande pourquoi les enfants n'ont pas compris les mots qu'a dit tel intervenant (bruit, chahut, intervention mal annoncée, trop de choses qui captaient l'attention des enfants, etc.) là on est dans l'évaluation d'une animation, et on apprend à mieux faire son boulot ; et si en réunion on se demande pourquoi tel enfant a passé son temps à insulter les animateurs, on va se le demander longtemps parce que ce n'est pas de l'animation mais de l'éducation spécialisée.

Ca ne me dérange pas qu'on se rapproche du versant "étude de cas individualisée" à partir du moment où celle-ci est plutôt courte et est suivie d'une prise de décision en équipe. Il ne s'agit pas que de cas comme "tel enfant insulte, frappe", même si c'est toujours à ceux-ci que l'on pense en premier, mais "tel enfant ne participe pas aux activités, est en retrait, pourquoi ? N'apprécie-t-il pas ce qu'on lui propose ? Veut-il changer de chambre ou téléphoner plus souvent à ses parents ? Pourquoi n'arrive-t-il pas à échanger avec un animateur ?. Des questions qui ne demandent pas un quart d'heure de débat, mais pour lesquels on se doit d'échanger. On ne peut pas laisser un enfant sur le côté sans réfléchir à ce qu'on pourrait faire pour que ses vacances soient plus agréables. C'est en tout cas un des piliers de ma conception de l'animation.

C'est évaluer les comportements, mais sur quelles bases... L'équipe n'est pas formée, ni le directeur ni les animateurs... Alors ouais, si on reçoit un enfant handicapé sur le séjour, plus quelques-uns qui vont être très perturbateurs, on peut évoquer le sujet pour savoir comment ça s'est passé en réunion, mais c'est très long, c'est la porte ouverte à tous les clichés, etc. En plus de ça pour que ce genre d'évaluation ait de la valeur, il faut qu'elle soit suivie de décisions, et bien souvent, on ne peut pas, parce que les parents ne sont pas dispo, ou plus généralement parce que l'organisateur refuse qu'on renvoie un enfant ou qu'on recrute deux animateurs supplémentaires pour soulager l'équipe.

Evaluer les comportements ne signifie pas entrer dans le jugement. On peut juste repérer qu'à chaque fois qu'on parle de son père, X s'énerve et devient violent. Que Y pleure toujours au moment d'aller se coucher. Ce qu'on en fait, ça n'a pas besoin d'être très poussé. Pour X, on évite le sujet du père, pour Y, l'animateur référent (mais aussi les autres) se doit d'être particulièrement à l'écoute de ce qu'elle pourrait énoncer, peut aller, sans y aller avec ses gros sabots, à la pêche aux infos (ça peut être plein de choses, maladie, manque des parents, mauvaise ambiance dans la chambre etc).

Ce n'est pas dire, "X est orphelin, donc il sera délinquant, on peut rien pour lui" comme j'ai déjà pu l'entendre sur un séjour...

Eh bien moi je le pense. D'abord, comment différencier ceux qui méritent la considération et ceux qui n'en méritent pas? Ce genre de raisonnement ça aboutit parfois (assez facilement à mon goût) à accorder un surcroit de considération aux perturbateurs et même des cadeaux, des compliments, des attentions qu'on n'accorde pas à des enfants "sages".

Que les deux animateurs concernés voient ça avec leur adjoint, c'est normal, mais que toute l'équipe se mette à confronter ses opinions et avancer ses propositions et ses suppositions sur un enfant dont ils s'occupent pas, ben ça non c'est pas normal.

J'ai pas le courage de relire ce que j'ai écrit, mais si j'ai écrit que certains méritaient plus de considération que d'autres, c'est une erreur de ma part. Tous méritent la même considération. Cependant, le comportement de certains, pour être compris, nécessite davantage d'analyse et de réflexion en équipe.

Un enfant ne va pas mal pour aller mal. Si l'on décèle des signes de mise en marge volontaire du groupe, de violence etc..., c'est qu'il a un message à faire passer. Ne pas l'écouter est à mon sens dangereux.

Cela ne signifie pas qu'on passe par des cadeaux ou attentions décuplées, même si je te l'accorde, si c'est mal fait, c'est un gros risque. Reste quand même la possibilité, souvent par la prévention en évitant de mettre l'enfant dans une situation anxiogène, de diminuer les crises ou comportements qu'on ne sait pas toujours gérer.

Il n'y a pas d'ordre du jour mais il y a quand même un ordre du jour... lol Moi quand je demande à des gens de se réunir, je leur annonce pourquoi en même temps.

Oui, dans ce cas, l'ordre du jour est "Bilan de la journée et préparation de la suivante" à chaque réunion. C'est en effet un ordre du jour, mais il reste le même, sauf circonstances exceptionnelles, chaque jour.

Ah moi c'est pas mon truc. J'ai d'autres passions que ça dans la vie, plus intéressantes que les prises de bec entre jeunes cons prétentieux.

Oh c'est bas de dénigrer les intérêts des autres :P

Les rapports humains et les sciences sociales, c'est ce qui me passionne, je n'ai aucune honte à dire que la médiation et la gestion de conflits revêtent pas mal de critères dont l'étude me plaît.

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Quand tu es directeur ton projet c'est toi qui le rédiges. Tu en fais ce que tu veux. Si tu veux l'utiliser pour mentir à ton employeur, pourquoi pas, c'est triste mais pourquoi pas. Si tu veux l'utiliser pour mettre à plat les principes qui guideront le travail de ton équipe, ça me semble déjà plus pertinent.

On ne peut pas laisser un enfant sur le côté sans réfléchir à ce qu'on pourrait faire pour que ses vacances soient plus agréables. C'est en tout cas un des piliers de ma conception de l'animation.
Pourquoi pas mais bon le souci reste le même ; je ne peux pas croire que ça existe en BAFA. Moi le premier j'en ai fait des bêtises, le débit d'âneries à la minute est phénoménal dans ce genre de discussion. Et on parle de la vie privée des parents, et on sort des clichés racistes et xénophobes grossiers au possible... en plus de ça c'est le royaume de la pensée magique et des vérités imaginaires.

Cependant, le comportement de certains, pour être compris, nécessite davantage d'analyse et de réflexion en équipe.
Ben c'est ça que je disais. Et pourquoi tu prendrais pas du temps à analyser le cas de celui qui est poli et souriant avec tout le monde?

Si l'on décèle des signes de mise en marge volontaire du groupe, de violence etc..., c'est qu'il a un message à faire passer. Ne pas l'écouter est à mon sens dangereux.
Ouais enfin attends, il y a une sacrée marge entre être disponible et compréhensif pour un enfant en journée, et interpréter son comportement le soir à plusieurs.

Et puis moi cette idée du message à faire passer je n'y adhère pas du tout. C'est une idée qui est à l'origine de la tendance à la victimisation de certains enfants malhonnêtes vis à vis d'eux-mêmes ou des autres.

Si on laissait faire, alors on deviendrait les adultes coupables d'avoir mal interprété tel ou tel geste (psychologie lacanienne, dit-on parfois...). Non il faut que chaque enfant se prenne en charge. Quand il a un souci, il ne doit pas frapper, il ne doit pas casser, il doit demander de l'aide à quelqu'un. Aucune violence n'est normale ni tolérable. On doit créer des temps pour parler avec les enfants, se montrer disponible, c'est comme ça qu'on aura les bonnes infos et la bonne posture éducative.

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Quand tu es directeur ton projet c'est toi qui le rédiges. Tu en fais ce que tu veux. Si tu veux l'utiliser pour mentir à ton employeur, pourquoi pas, c'est triste mais pourquoi pas. Si tu veux l'utiliser pour mettre à plat les principes qui guideront le travail de ton équipe, ça me semble déjà plus pertinent.

Oui, mais on n'est pas nécessairement directeur... Tu peux être adjoint (c'est mon cas) et être obligé à quelques concessions (et qu'on ne me sorte pas le sempiternel "tu n'as qu'à changer de directeur", non, quels que soient les deux individus formant le duo directeur/adjoint que tu prends, il y aura toujours des éléments qui portent à débat, de désaccord. Tant que ceux-ci sont d'accords sur la base, les éléments pour lesquels ils ne peuvent pas faire de concessions.

Quand je parle des manques des projets pédas, je ne parle pas de "mentir à son employeur", je regrette seulement le manque de profondeur de certains projets pédas. Ceux pour lesquels je participe à l'écriture en manquent peut-être (sans doute), mais tu te doutes bien que si j'ai repéré certains écueils sur d'autres projets, je tiens à épargner les miens de ces mêmes erreurs. Pas de "favoriser l'autonomie", sauf si ce qu'on entend par là, et surtout les moyens pour y arriver, y sont détaillés.

Pourquoi pas mais bon le souci reste le même ; je ne peux pas croire que ça existe en BAFA. Moi le premier j'en ai fait des bêtises, le débit d'âneries à la minute est phénoménal dans ce genre de discussion. Et on parle de la vie privée des parents, et on sort des clichés racistes et xénophobes grossiers au possible... en plus de ça c'est le royaume de la pensée magique et des vérités imaginaires.

Qu'un enfant soit laissé sur le côté pendant ses vacances n'existe pas en BAFA ? En lisant les interventions par ici, j'ai parfois l'impression d'avoir côtoyé les pires tanches du monde, car lors de mes premières expériences, notamment quand j'étais stagiaire, cela arrivait à chaque fois !

C'est là toute l'intelligence du directeur (ou de l'adjoint, bref celui qui anime la réunion) d'éviter qu'on tombe dans des raccourcis. On n'est pas là pour étudier au peigne fin la vie de l'enfant, mais pour savoir pourquoi, dans l'environnement où il est actuellement, des choses ne fonctionnent pas. Et la solution peut très bien être de dire "on n'a pas les outils, ni le temps pour le comprendre, on va essayer de parer au moins pire". Mais on peut aussi réinterroger sa pratique : "n'a-t-on pas influencé son comportement en étant jugeant dès le début car...." (effet Pygmalion en bref). Ca peut être de multiples choses. Dont il suffit, pour le directeur, de mettre le doigt dessus pour orienter un axe de réflexion chez l'animateur. Qui est assez grand pour savoir que ce n'est pas en s'effaçant auprès d'un enfant violent que les choses seront plus simples pour lui. Et s'il le faut, on rappelle cela aussi. Ca peut être l'un des écueils dans lesquels est tombé l'animateur et qu'il convient de rappeler.

Mais pourquoi tomber dans les clichés racistes et xénophobes ? J'avoue que j'ai du mal à voir le rapport...

Ben c'est ça que je disais. Et pourquoi tu prendrais pas du temps à analyser le cas de celui qui est poli et souriant avec tout le monde?

Parce qu'il n'y a pas lieu de le faire, avec le temps limité dont on dispose. Et car il ne semble pas poser de problèmes à l'équipe d'animation dans sa pratique, ne semble pas ne pas apprécier le séjour et sa présence sur celui-ci (ce qui peut être le cas malgré tout, hein).

Lorsque tu disais "A la réunion la méthode est assez simple : pour chaque difficulté, on recherche la cause, on prend une décision, et on passe au suivant." Tu procédais ainsi aussi avec celui qui est "poli et souriant" ?

Ouais enfin attends, il y a une sacrée marge entre être disponible et compréhensif pour un enfant en journée, et interpréter son comportement le soir à plusieurs.

Et puis moi cette idée du message à faire passer je n'y adhère pas du tout. C'est une idée qui est à l'origine de la tendance à la victimisation de certains enfants malhonnêtes vis à vis d'eux-mêmes ou des autres.

Si on laissait faire, alors on deviendrait les adultes coupables d'avoir mal interprété tel ou tel geste (psychologie lacanienne, dit-on parfois...). Non il faut que chaque enfant se prenne en charge. Quand il a un souci, il ne doit pas frapper, il ne doit pas casser, il doit demander de l'aide à quelqu'un. Aucune violence n'est normale ni tolérable. On doit créer des temps pour parler avec les enfants, se montrer disponible, c'est comme ça qu'on aura les bonnes infos et la bonne posture éducative.

Interpréter n'est pas le bon mot. L'interprétation est l'une des cinq attitudes négatives décrites par Porter. On évite à tout prix l'interprétation pour privilégier l'empathie : essayer de comprendre l'autre en essayant d'adopter son système de valeurs. Ce qui n'est pas facile. Et tout le monde n'a pas la formation pour, on est d'accord.

En psychanalyse, l'idée du "message que l'enfant fait passer" est largement admise. En sociologie aussi (Elias, Goffman, Meirieu). Si l'enfant te semble "malhonnête" dans la façon dont il gère ses rapports à l'autre, c'est car l'adulte n'est pas efficace et ne pose pas les limites nécessaires. Et l'enfant en joue, il trouve un espace de liberté, qu'il exploite car, à la base, il a un message à faire passer. Un enfant qui va bien n'exploitera pas ces espaces de liberté. Car il a déjà la possibilité de se faire entendre.

Oui, si l'enfant frappe, insulte, il ne doit pas le faire. Quel que soit son vécu. C'est quelque chose que je dis et redis depuis le début. L'enfant a besoin de limites claires posées par l'adulte qui le sécurisent. Il a aussi besoin d'un espace de liberté. Qui ne doit pas empiéter sur les limites fixées. On est d'accord.

Toute l'habileté de l'adulte est alors d'essayer de repérer, pour, par la suite, anticiper les situations qui entraînent, chez l'enfant, ces comportements. Et, si possible, éviter de mettre l'enfant dans ces situations qui sont anxiogènes pour lui, et entraînent donc ces manifestations violentes. Tout simplement. Il n'y a pas besoin de dire "sa mère fait ci, donc...". Non, on s'en fout. C'est le travail de l'éducateur spécialisé, comme tu l'as dit, d'analyser le pourquoi et de trouver des solutions qui permettront à l'enfant de s'adapter à tous les environnements.

L'animateur doit, lui, permettre à l'enfant de s'épanouir dans son environnement précis, la colo, le centre. On ne travaille donc pas sur l'enfant (on n'a pas les clés pour), mais sur l'aménagement de l'environnement. Et là, on a les clés pour.

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Qu'un enfant soit laissé sur le côté pendant ses vacances n'existe pas en BAFA ?
Je ne voulais pas dire ça. Je voulais dire que des animateurs réellement intéressés par tous les enfants et motivés pour en faire des réunions etc. je n'y crois pas.

La négligence des anims BAFA est un souci, et l'inexpérience en est un autre. Les deux combinés, on pourrait s'amuser à mettre un curseur sur une échelle de "l'importance du problème" pour essayer de jauger le travail de chaque animateur. Est-ce que l'animateur :

-évite les réclamations ordinaires des enfants?

-néglige l'hygiène des enfants?

-néglige l'hygiène générale dans son travail? (vaisselle, asepsie, propreté des locaux, du matériel, rangement, etc.)

-évite les réclamations pour des conflits d'enfants?

-néglige son vocabulaire?

-laisse passer les vulgarités d'enfants/de jeunes

-gère les conflits en gueulant après un rapide arbitrage manquant de compréhension?

-laisse passer des comportements déplacés d'enfants/de jeunes?

...

Etc.

Ça, je pense que ça serait intéressant pour progresser. Vraiment je vois régulièrement des choses qui me semblent lamentables à moi, et qui sont toutes naturelles pour des animateurs débutants. Constatant le niveau de flemmardise, de négligence, et parfois d'orgueil des animateurs jeunes, j'ai du mal à croire qu'en réunion une équipe puisse sérieusement s'attacher à analyser concrètement le comportement des enfants dans l'optique "améliorer leurs vacances".

n'a-t-on pas influencé son comportement en étant jugeant dès le début car...
Sur l'ensemble de ton paragraphe je suis plutôt d'accord avec toi. Toutefois je note cette phrase car s'il était un temps ou le fait de juger autrui me paraissait pas terrible, je pense aujourd'hui que cela relevait d'une certaine incompréhension.

On juge en permanence, c'est avec notre jugement qu'on appréhende le monde. Juger c'est être autonome. Celui qui ne juge pas ne peut pas prendre de décision et n'a pas d'autonomie. Le "mauvais" jugement, c'est à mon avis plutôt les décisions vexantes qu'on prend après avoir jugé quelqu'un de façon présomptueuse. Le "mauvais jugement" n'est donc pas un problème de jugement, c'est un problème de ce qu'on fait après avoir jugé, un problème de savoir-vivre.

Mais pourquoi tomber dans les clichés racistes et xénophobes ? J'avoue que j'ai du mal à voir le rapport...
Précisément j'ai parlé de clichés racistes, xénophobes et de pensée magique. Si ça ne te semble pas évident c'est que je vais galérer pour l'expliciter. Le racisme n'est pas une haine des autres couleurs de peau, c'est donner du crédit à un ensemble de petites choses qui font partie d'une grande nébuleuse : conspiration, comportement "dans le sang" ou "dans les gènes", prépondérance de l'inné sur l'acquis. La xénophobie est-ce que j'ai besoin de faire le détail, en réunion on prononce un nombre incalculable de bêtises qui ont tendance à vouloir éjecter tout ce qui est différent. Il n'y a pas qu'au niveau social (si en France les animateurs aiment bien les enfants qui ont la peau noire ou basanée, ils n'ont pas la même attitude vis à vis des riches, des philosophes, des intellectuels, des américains... etc.)

Et la pensée magique car le niveau de culture populaire est hélas assez proche de ce que produit la télé de divertissement. Pourquoi les enfants noirs ou basanés sont-ils adorés par les animateurs, et pourquoi dans le cliché français le délinquant est-il un ado noir ou basané? Ben en fait c'est faux tout ça, mais la subtilité s'efface bien vite derrière les vérités toutes faites...

Et car il ne semble pas poser de problèmes à l'équipe d'animation dans sa pratique
Non mais les animateurs ont généralement tendance à vouloir "sauver un enfant", sauf qu'il y a plein d'enfants qui en auraient besoin (au figuré biensûr) et qui ne semblent pourtant pas gagner l'intérêt des équipes. Un empoté qui est nul dans les activités physiques? Un intello qui nous bassine avec ses théories? Un petit parfait qui n'ose pas se lâcher et qui est terrorisé par l'idée des sanctions? Un enfant qui ne sait pas se défendre? Alors là, mais avec ces sujets-là, tu fais ressortir tout ce que l'équipe a de pire! De vrais nazillons! On se moque de l'empoté, on critique l'intellectuel, on souhaite que le petit parfait se lâche un peu et se mette à faire des bêtises, et on souhaite à celui qui ne sait pas se défendre de continuer à subir comme ça automatiquement il apprendrait à se défendre.

On défend les colos comme une "école de la vie", sous-entendu ça permettrait justement à l'empoté de se bouger, à l'intello de faire vivre ses sentiments et son intuition, au parfait d'essayer de faire quelques conneries pour déconner un peu, au faiblard d'apprendre à répondre ou à se bagarrer (au figuré?), mais en fait il n'est jamais question d'eux. Il est question de ceux qui nous gênent, ceux qui sont violents, ceux qu'on trouve perturbateurs...

"A la réunion la méthode est assez simple : pour chaque difficulté, on recherche la cause, on prend une décision, et on passe au suivant." Tu procédais ainsi aussi avec celui qui est "poli et souriant" ?
Ce que j'ai écrit était incomplet en effet. Impossible de faire de l'exhaustif de toute façon. :-p Sur ces séjours qui sont comme je te le rappelle très spécifiques il y avait une sorte d'épuisement moral quotidien (pas d'animateur très jeune en ce qui me concerne), les réunions étaient forcément longues parce que le public accueilli repousse l'équipe dans ses derniers retranchements chaque jour. Donc méthode adaptée. Quand c'était possible, en effet on faisait un bilan complet, c'est à dire qu'on parlait de chaque participant.

Et chaque difficulté n'est pas forcément un problème, c'est un manque, du matos, de l'organisation, un horaire, un numéro de téléphone...

En psychanalyse, l'idée du "message que l'enfant fait passer" est largement admise.
Hum... ouais si je voulais me moquer je pourrais dire que l'idée qui était admise et sur laquelle on s'est basé pendant un moment a fait beaucoup de mal, au vu des résultats pour le moins discutables qu'elles ont eu sur les sciences de l'éducation et sur la pratique des personnels de l'éducation en général. Mais ça serait un raccourci débile.

En revanche, qu'elle soit admise en psychanalyse n'en fait pas du spécialement une bonne idée à mes yeux. Et puis Meirieu, malgré tout le respect que je lui dois, je ne le considère pas du tout comme quelqu'un de savant sur les questions de violence et d'expression de la violence. J'ai suivi en entier et très précisément une conférence récente qu'il a donnée sur le thème de la violence à l'école, et je ne parviens pas à comprendre pourquoi il a été applaudi. C'est un baratineur, il n'a pas travaillé sa conférence, c'était du vent, il a brodé sur le thème du langage, deux ou trois trucs bien connus des gens du milieu, mais ça n'avait ni queue ni tête, pas d'objectif, pas de source percutante, pas de raisonnement inédit, pas de conclusion engageante, du vent. Dans cette même suite de conférences, d'autres intervenants étaient autrement plus simples, inédits, plus cassants aussi (hélas... mais tant mieux), tels que Eric Debarbieux.

Si l'enfant te semble "malhonnête" dans la façon dont il gère ses rapports à l'autre, c'est car l'adulte n'est pas efficace et ne pose pas les limites nécessaires.
Eh bien justement, ça c'est une idée qui, prise seule, mène à la conclusion : "il faut plus d'autorité, les jeunes réclament plus d'autorité". J'ai fait pas mal de recherches sur le web, et ça c'est vraiment l'idée maitresse des sites web et des intervenants d'extrême droite.

Il y a une partie interprétable : "L'adulte ne pose pas les limites nécessaires". Pour l'extrême droite il s'agit généralement de limites violentes : humiliations, punitions, privations, menaces, chantage. Je déteste cette idée qui serait un grave retour en arrière sur l'humanisme, les droits de l'enfant, et les droits de l'homme. Je ne partage pas du tout cette conviction selon laquelle il faut être violent avec les enfants pour les empêcher d'être violents.

Pour les gens intelligents (hum) il s'agit de limites qui sont dans la tête de l'enfant, acquises par l'éducation qu'il a reçue (de ses parents, ses proches, enseignants, animateurs, moniteurs sportifs, ses amis, sa télé hélas, etc.). L'autonomie, auto-nomos, c'est ça. L'éducation rend libre dans le sens où savoir c'est pouvoir, dans le sens ou la stupidité (du peuple) fait le nid d'un futur dictateur.

Et l'enfant en joue, il trouve un espace de liberté, qu'il exploite car, à la base, il a un message à faire passer. Un enfant qui va bien n'exploitera pas ces espaces de liberté. Car il a déjà la possibilité de se faire entendre.
Je ne suis pas d'accord. Un enfant qui va bien peut très bien exploiter ces "espaces de liberté" et s'essayer à la violence (violence c'est large hein... humiliation, manipulation, menaces, coups, blessures...). Et un enfant qui ne va pas bien peut se défendre par la fuite, l'évitement, l'effacement de soi (ça va jusqu'au suicide). Il n'y a pas de lien logique. Y'a des polis souriants qui sont de vrais pervers manipulateurs, il y a des discrets qui subissent chez eux une violence infernale...

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Je ne voulais pas dire ça. Je voulais dire que des animateurs réellement intéressés par tous les enfants et motivés pour en faire des réunions etc. je n'y crois pas.

Ah oui, qu'ils soient une majorité, je n'y crois pas non plus. Mais il y en a quand même. Pas beaucoup sans doute. Trop peu c'est certain.

Ça, je pense que ça serait intéressant pour progresser. Vraiment je vois régulièrement des choses qui me semblent lamentables à moi, et qui sont toutes naturelles pour des animateurs débutants. Constatant le niveau de flemmardise, de négligence, et parfois d'orgueil des animateurs jeunes, j'ai du mal à croire qu'en réunion une équipe puisse sérieusement s'attacher à analyser concrètement le comportement des enfants dans l'optique "améliorer leurs vacances".

Ah mais je te rejoins totalement sur l'intérêt du retour, en réunion, sur les points qui permettent à ces animateurs de s'améliorer. On a réduit le débat sur la pertinence d'effectuer un retour sur les enfants lors de la réunion du soir, mais à la base, je détaillais bien comment j'envisageais ces évaluations, qui devaient comprendre aussi bien un retour sur les enfants qu'un autre, primordial, sur les animateurs, que ce soit sous forme d'auto-évaluation ou de points soulevés par leurs collègues voire par le directeur. Le directeur doit néanmoins prendre soin de ne pas s'enfermer dans un rôle où les animateurs échange, et lui, à la fin, délivre la bonne parole. C'est le meilleur moyen d'arrêter de réfléchir.

Sur l'ensemble de ton paragraphe je suis plutôt d'accord avec toi. Toutefois je note cette phrase car s'il était un temps ou le fait de juger autrui me paraissait pas terrible, je pense aujourd'hui que cela relevait d'une certaine incompréhension.

On juge en permanence, c'est avec notre jugement qu'on appréhende le monde. Juger c'est être autonome. Celui qui ne juge pas ne peut pas prendre de décision et n'a pas d'autonomie. Le "mauvais" jugement, c'est à mon avis plutôt les décisions vexantes qu'on prend après avoir jugé quelqu'un de façon présomptueuse. Le "mauvais jugement" n'est donc pas un problème de jugement, c'est un problème de ce qu'on fait après avoir jugé, un problème de savoir-vivre.

Oui, on juge en permanence, nous sommes humains. Et mon propos va sans doute sembler contradictoire, c'est peut-être un problème de sémantique.

Dans mon esprit, je dirai qu'on évalue (les capacités, les limites, les besoins repérés) la personne et ce qu'elle peut faire, sans la juger (ce terme qui aurait, dans mon esprit, plus le sens d'enfermer dans une case, comme lorsqu'on est jugé au tribunal, on ne peut pas revenir sur la sentence [sauf appel], et de faire justement les raccourcis que tu condamnais tout à l'heure, et les dérives xénophobes possibles).

Je le conçois comme ça, et là encore, ce n'est que ce que je mets derrière les mots. Noël nous dirait que chaque mot a un sens et qu'il faut les employer dans le sens qu'ils ont, je pense que c'est effectivement vrai pour une communication efficace, mais je ne me prive pas de mettre un sens sans doute personnel à certains termes, comme c'est sans doute le cas sur cette différence entre juger et évaluer.

Précisément j'ai parlé de clichés racistes, xénophobes et de pensée magique. Si ça ne te semble pas évident c'est que je vais galérer pour l'expliciter. Le racisme n'est pas une haine des autres couleurs de peau, c'est donner du crédit à un ensemble de petites choses qui font partie d'une grande nébuleuse : conspiration, comportement "dans le sang" ou "dans les gènes", prépondérance de l'inné sur l'acquis. La xénophobie est-ce que j'ai besoin de faire le détail, en réunion on prononce un nombre incalculable de bêtises qui ont tendance à vouloir éjecter tout ce qui est différent. Il n'y a pas qu'au niveau social (si en France les animateurs aiment bien les enfants qui ont la peau noire ou basanée, ils n'ont pas la même attitude vis à vis des riches, des philosophes, des intellectuels, des américains... etc.)

Et la pensée magique car le niveau de culture populaire est hélas assez proche de ce que produit la télé de divertissement. Pourquoi les enfants noirs ou basanés sont-ils adorés par les animateurs, et pourquoi dans le cliché français le délinquant est-il un ado noir ou basané? Ben en fait c'est faux tout ça, mais la subtilité s'efface bien vite derrière les vérités toutes faites...

Plein de choses intéressantes là-dedans qui mériteraient même sans doute un sujet à elles-seules. Je suis bien d'accord avec les questionnements de ton dernier paragraphe, mais je suis persuadé que l'on peut éviter ces raccourcis, dans l' "analyse", notamment si le directeur est attentif. J'en reviens à la différence que je faisais entre "juger" et "évaluer". Si l'on reste dans une évaluation sommaire, mais je l'ai déjà dit plusieurs fois, je pense qu'on limite grandement le risque de verser dans cet écueil.

Non mais les animateurs ont généralement tendance à vouloir "sauver un enfant", sauf qu'il y a plein d'enfants qui en auraient besoin (au figuré biensûr) et qui ne semblent pourtant pas gagner l'intérêt des équipes. Un empoté qui est nul dans les activités physiques? Un intello qui nous bassine avec ses théories? Un petit parfait qui n'ose pas se lâcher et qui est terrorisé par l'idée des sanctions? Un enfant qui ne sait pas se défendre? Alors là, mais avec ces sujets-là, tu fais ressortir tout ce que l'équipe a de pire! De vrais nazillons! On se moque de l'empoté, on critique l'intellectuel, on souhaite que le petit parfait se lâche un peu et se mette à faire des bêtises, et on souhaite à celui qui ne sait pas se défendre de continuer à subir comme ça automatiquement il apprendrait à se défendre.

On défend les colos comme une "école de la vie", sous-entendu ça permettrait justement à l'empoté de se bouger, à l'intello de faire vivre ses sentiments et son intuition, au parfait d'essayer de faire quelques conneries pour déconner un peu, au faiblard d'apprendre à répondre ou à se bagarrer (au figuré?), mais en fait il n'est jamais question d'eux. Il est question de ceux qui nous gênent, ceux qui sont violents, ceux qu'on trouve perturbateurs...

Là aussi, je suis d'accord avec ça.

Je vais synthétiser ma pensée de la manière suivante : l'éducateur spécialisé qui a en charge sa trentaine d'enfants, va pouvoir faire un travail individualisé, même avec celui qui est tout sage et pour lequel tout va bien en apparence (mais pour lequel il y a bien souvent un risque sous-jacent, s'il est amené à être confronté à un éduc spé, risque qui peut ne jamais se traduire par des faits, on est bien d'accord, mais au mieux, s'il sera là, c'est qu'il y a du travail de prévention à effectuer).

Un animateur, avec la même trentaine d'enfants n'aura pas le temps (soit dans le cadre d'une colo, c'est du 24/24 mais limité sur trois semaines maxi et dès que l'enfant quittera la colo, donc son environnement, pas certain qu'il parvienne à transposer ses apprentissages ailleurs, ou en centre de loisirs, où de toute façon, on travaille d'abord sur le groupe avant de travailler sur l'individu) ni donc la mission (privilégier le bien-être du groupe, dans cet environnement) pour faire de l'individuel de manière constructive.

Alors, le petit qui parle peu et n'est peut-être (sans doute) pas bien dans sa peau, ce serait bien d'en parler, d'en faire un retour. On repèrera peut-être que lorsqu'on fait telle activité, il est à fond dedans. Peut-on aménager son environnement, en proposant davantage cette activité ? Y a-t-il une demande également de quelques autres personnes pour qu'on puisse le faire, au moins sur des temps informels ? Si oui, en avant !

Mais le petit qui frappe représente sans doute un travail éducatif équivalent en termes de temps à fournir. Sauf que... Au niveau du groupe sur lequel est censé travailler l'animateur, il va être plus perturbateur. S'il frappe d'autres enfants, il les met aussi en danger.

Lorsqu'on se positionne, comme un animateur, à l'échelle du groupe, ce dernier cas est donc plus criant, mais je pense aussi plus dangereux et prioritaire.

Ce qui ne veut pas dire que le premier cas est inintéressant et qu'on ne pourra pas le traiter. Mais je pense que pour le coup, sur des situations sensibles comme celles-ci, le risque de faire pire que bien existe (j'ai déjà vu des "toi qui parle pas, viens au milieu nous montrer comment tu sais faire XXXX, sans même savoir s'il savait faire ladite chose). Pour un enfant qui frappe, il n'a pas le droit de frapper. On ne peut pas rien faire, ou alors ce serait cautionner. On ne peut pas donc faire pire que rien. On doit donc agir.

Et chaque difficulté n'est pas forcément un problème, c'est un manque, du matos, de l'organisation, un horaire, un numéro de téléphone...

Évidemment d'accord avec ça. Je m'attarde sur les points qui prêtent à débat, quitte à me focaliser peut-être trop sur ceux-ci et faire des raccourcis (on y vient donc).

Eh bien justement, ça c'est une idée qui, prise seule, mène à la conclusion : "il faut plus d'autorité, les jeunes réclament plus d'autorité". J'ai fait pas mal de recherches sur le web, et ça c'est vraiment l'idée maitresse des sites web et des intervenants d'extrême droite.

Tu fais bien de préciser "prise seule". Car je suis loin de ce versant à la base. J'ai longtemps été de ceux qui pensaient que si les adultes foutaient la paix aux enfants et les laissaient en autogestion, ce ne serait pas plus mal.

J'ai nuancé ma pensée au fil du temps et aujourd'hui, je pense que l'enfant a autant besoin de ces temps avec ses pairs où les apprentissages sont réels, et il est parfois bon que l'adulte ne s'immisce pas 24/24 auprès d'eux. Du moins auprès des groupes qui ne semblent pas forcément apprécier plus que ça la présence de l'adulte. Il n'y a pas lieu de s'imposer sur ces temps de loisirs si la présence n'est pas désirée. Sinon, on n'est plus dans le loisir de l'enfant, mais dans un temps aménagé.

Mais l'enfant a aussi besoin, c'est du moins ma pensée, de l'adulte et de l'apprentissage des normes sociales propres au groupe culturel auquel il appartient. Et c'est là qu'interviennent les interdictions de frapper, d'insulter, de dégrader volontairement le matériel...

Telles sont les limites posées par l'adulte, qui doivent être connues et relevées à chaque transgression (ça ne veut pas dire qu'on sanctionne, un simple regard ou une interrogation sur ce qu'il a accompli suffisent bien souvent). Mais l'enfant doit savoir que s'il fait ça devant l'adulte, il y aura un recadrage. Toujours.

Même si je suis d'accord avec toi que ce n'est pas parce que quelque chose est admis en théorie qu'il est vrai, je me réfère néanmoins aux auteurs qui, comme moi, parce que je l'ai confronté à ma pratique, estiment que ces rappels sont sécurisants pour l'enfant.

Il ne s'agit pas d'humilier comme le pensent visiblement (j'avoue que je n'ai jamais lu d'intervenants de cette mouvance) l'extrême-droite. Mais je pense que l'idée que l'adulte doive poser des limites est quand même apolitique. La manière de les poser, et la nature de ces limites qu'on repère, elles, sont sans doute davantage liées aux visions de la société des individus.

Pour les gens intelligents (hum) il s'agit de limites qui sont dans la tête de l'enfant, acquises par l'éducation qu'il a reçue (de ses parents, ses proches, enseignants, animateurs, moniteurs sportifs, ses amis, sa télé hélas, etc.). L'autonomie, auto-nomos, c'est ça. L'éducation rend libre dans le sens où savoir c'est pouvoir, dans le sens ou la stupidité (du peuple) fait le nid d'un futur dictateur.

D'accord avec ça, l'éducation doit rendre libre pour permettre à l'enfant d'être un citoyen libre plus tard. C'est justement dans cette optique que je suis partisan de méthodes prenant réellement en compte l'avis de l'enfant, visant une recherche de son opinion et la traduisant de manière concrète par des faits sur le terrain. En voyant que sa voi(x)&(e) compte, on peut espérer que l'enfant pourra acquérir un certain intérêt pour les méthodes démocratiques.

Je ne suis pas d'accord. Un enfant qui va bien peut très bien exploiter ces "espaces de liberté" et s'essayer à la violence (violence c'est large hein... humiliation, manipulation, menaces, coups, blessures...). Et un enfant qui ne va pas bien peut se défendre par la fuite, l'évitement, l'effacement de soi (ça va jusqu'au suicide). Il n'y a pas de lien logique. Y'a des polis souriants qui sont de vrais pervers manipulateurs, il y a des discrets qui subissent chez eux une violence infernale...

C'est vrai. J'ai utilisé un raccourci (décidément) en disant que l'enfant qui "allait bien" (mais rien que ça, c'est quand même un sacré raccourci de dire qui va bien ou pas) n'utiliserait pas ces espaces de liberté.

Je reste malgré tout persuadé qu'un enfant violent, souvent mis en marge (à l'école, car il a des mauvaises notes, en ACM car il énerve l'animateur ou même à la maison) aura plus d'expérience pour trouver ces espaces de liberté, ces contradictions entre deux adultes, ou entre un seul et même adulte, et s'y engouffrera plus facilement car c'est pour lui un moyen de montrer son intelligence. J'arrête là car je vais faire de la psycho de comptoir et j'ai pas de formation de psychologue, mais ce n'est qu'un ressenti ce paragraphe.

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soit dans le cadre d'une colo, c'est du 24/24 mais limité sur trois semaines maxi et dès que l'enfant quittera la colo, donc son environnement, pas certain qu'il parvienne à transposer ses apprentissages ailleurs, ou en centre de loisirs, où de toute façon, on travaille d'abord sur le groupe avant de travailler sur l'individu
Hum. Transposer, on demande ça aux adultes, mais les enfants ils sont sur le ressenti, l'intuitif, l'immédiat. Si on lui fait quelque chose, c'est tout de suite et pour toujours, en bien comme en mal.

Et les centres de loisirs ont tout pour être un pôle éducatif prépondérant de la société française. Le temps passé en un même lieu avec une même équipe sur l'année est tout simplement équivalent au temps passé dans l'école. L'instite, elle, est reconnue par la société (quoique) mais les animateurs sont méprisés.

Tu fais bien de préciser "prise seule". Car je suis loin de ce versant à la base.
Certainement. Mais des fois, sans le savoir, on dit ou on fait des choses qui contredisent certains de nos principes fondamentaux.

Il ne s'agit pas d'humilier comme le pensent visiblement (j'avoue que je n'ai jamais lu d'intervenants de cette mouvance) l'extrême-droite. Mais je pense que l'idée que l'adulte doive poser des limites est quand même apolitique. La manière de les poser, et la nature de ces limites qu'on repère, elles, sont sans doute davantage liées aux visions de la société des individus.
Ah ben il faut s'intéresser à ce que racontent les politiciens, les prosélytes de tous bords au sujet de l'éducation. Déjà souvent ça vaut le détour parce qu'ils n'y vont pas de main morte, c'est à dire que sur l'éducation (qui est un sujet où chacun s'estime expert) en général les gens ont des avis très tranchés, désopilants, impromptus, misérables, ridicules, etc. Ensuite c'est un bon moyen de se positionner dans sa pratique.

C'est pas que de l'humiliation c'est un ensemble de brutalités. Pour faire grandir un arbre droit, tu peux soit couper tout ce qui dépasse, soit laisser toutes les branches s'épanouir et soutenir celles qui pencheront du bon côté.

enfant violent, souvent mis en marge (à l'école, car il a des mauvaises notes
La violence n'est pas à l'origine de la désocialisation, c'est plutôt l'inverse. La différence, l'isolement conduit certains à adopter des comportements violents. Parmi les plus violents que j'ai connus, pas de spécificité sur la réussite scolaire, les plus cons étaient plutôt doués en logique et en vocabulaire.

Le film "les choristes" est un gros cliché pédagogique. Celui de l'ado incompris qui devient violent parce que personne ne l'écoute. C'est un fantasme.

et s'y engouffrera plus facilement car c'est pour lui un moyen de montrer son intelligence
C'est quelqu'un que tu connais? Ou alors c'est un toll sur internet? lol Ceux que je redoute le plus moi ce sont les manipulateurs ou les dissimulateurs : un enfant qui vole, un enfant qui maltraite les autres pour les dominer, les contrôler, etc. mais qui le fait en secret, il n'exprime absolument rien aux adultes... Et pourtant ils sont nombreux, les "violents" qui commettent ce genre de larcin.

Les adultes ne mettent pas de garde-fou en rase campagne parce que les automobilistes n'ont jamais l'idée incongrue de passer au travers d'un champ de blé. Les enfants différents ont des comportement impromptus non prévus par les adultes. Les brutaux, ceux qui n'ont pas d'empathie, font souffrir les autres car c'est un moyen d'arriver à leurs fins : se débarrasser de quelqu'un qui les gêne, dominer quelqu'un, se rassurer, rire un bon coup, etc. Ils y parviennent car cette violence ne nous semble pas normale en tant qu'adulte, on n'a pas mis de barrière physique car en théorie la barrière morale est bien présente chez chaque enfant.

De la même façon, d'autres différents, ceux qui n'osent pas riposter : on leur laisse la possibilité de riposter, on tolère ça dans les cours de récré, il y en a qui ne le font pas et qui se mettent à pleurer ou qui fuient...

A l'inverse, comme tout le monde sait que les enfants se perdent facilement, il nous semble normal qu'en france on mette les enfants dans des enclos.

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